Le Patroller, sur lequel Sagem apporte le système optronique, l'avionique de bord et les liaisons de données, est un drone de type MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) est conçu pour les opérations de théâtre ou la protection du territoire.
Le Drone Patroller (*) qui est proposé aux forces aériennes et navales, ainsi qu'aux services de sécurité étatiques, a été développé sur fonds propres à partir de l'avion S-15 de l'Allemand Stemme. Lors de la dernière campagne de tests (26 mai au 2 juillet), le Patroller a par ailleurs montré ses capacités à tenir un vent de travers, y compris de fortes rafales.
Disposant de deux points d'emport sous voilure, le Patroller peut emporter, sous chaque aile, une charge de 80 kilos. On peut y fixer des réservoirs de carburant supplémentaires, des capteurs complémentaires (guerre électronique, Synthetic Aperture Radar - SAR...) ou bien de l'armement léger, par exemple des missiles Hellfire ou des roquettes à guidage laser.
Dans le cas d'un drone armé, le ciblage se fait à partir de la boule optronique girostabilisée intégrée à la cellule, la désignation d'objectif, dans le cas d'une frappe laser, étant effectuée par les troupes au sol. Le Patroller peut, en outre, embarquer un système de liaison par satellite haut débit, y compris un système de type Inmarsat pour les applications maritimes (Sagem travaille notamment avec Zodiac sur le sujet).
Conforme aux normes de l'OTAN, le Patroller présente le standard 4609 qui permet son interopérabilité pour le renseignement image. Grâce à sa liaison de données, le drone peut, par exemple, transmettre les données recueillies aux unités de l'armée et aux services de renseignement dotés du Système d'Aide à l'Interprétation Multi-capteurs (SAIM) développé par Thales.
Avec le Patroller, Sagem souhaite proposer un système de drone très compétitif d'un point de vue coût/efficacité. C'est pourquoi le groupe français a opté pour une adaptation de l'avion de Stemme. Il bénéficie, ainsi, de l'effet de série de ces appareils, produits à la chaîne, et de caractéristiques civiles moins onéreuses qu'un produit purement militaire.
Pour Sagem qui a mutualisé certaines fonctions développée pour le Système de Drone Tactique Interimaire Sperwer (vendu à 25 exemplaire - et 120 avions- à 6 pays depuis 10 ans), « avec le système Sperwer, Sagem a démontré sa maîtrise complète de l'ensemble des technologies nécessaires au développement et à la production d'un système de drones : ensembles optroniques d'observation gyrostabilisés jour-nuit, transmission de données et d'images en temps réel, navigation inertielle et contrôle de vol, segment sol (catapultes, stations de pilotage, etc.), préparation et restitution de missions, conduite des essais, soutien logistique, formation, intégration en système et dans les architectures C4ISR (Command, Control, Communications, Computers, Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) ».
Le Patroller présente d'ailleurs une performance au niveau imagerie identique à celle du Sperwer de l'armée de Terre, mais obtenu depuis une altitude trois fois plus élevée. La station sol du nouveau drone est, quant à elle, dérivée de celle du SDTI, ce qui a permis là aussi de réduire les coûts de développement. L'ensemble fait que le système est aujourd'hui proposé à un coût raisonnable par rapport à ses concurrents, soit 20 à 30 millions d'euros pièce suivant les options.
La panoplie du Patroller :
Conçu à partir du S-15, le Patroller reste un avion et peut, suivant les missions, être utilisé en drone ou en appareil piloté. Cette modularité n'est pas sans intérêt, les drones ne pouvant être mis en oeuvre partout. « Cela facilite son usage pour la sécurité territoriale, en permettant d'exécuter des missions de surveillance, même en l'absence d'espace aérien réservé : la réglementation ne permet pas le libre accès des drones à l'espace aérien civil », indique Sagem.
Côté marché, Sagem espère se faire une place entre le Predator américain (**) et le Heron israélien. Le drone franco-allemand est commercialisé en trois versions. Conçu pour la surveillance de théâtre et l'intégration à des opérations multinationales (standards OTAN STANAG 4586 et 4609), le Patroller R est doté d'une liaison et d'une large gamme de capteurs.
Le Patroller M est, quant à lui, destiné à des applications maritimes. Grâce à son endurance et ses capacités de détection, il peut remplir des missions de surveillance maritime et du littoral, de recherche et de sauvetage, d’observation des écosystèmes des pollutions maritimes et plus largement de protection de l’environnement marin dans le cadre des missions environnementales dévolues par les Etats à leur Marine ou Garde-côtes. Selon Sagem, le Patroller M peut effectuer des missions de sauvetage y compris en environnement de combat (CSAR). Il peut épauler les capacités déjà en service et même réaliser à moindre frais un certain nombre de missions aujourd'hui assurées par des moyens lourds et coûteux.
Sagem propose, enfin, la version Patroller S, dédiée à la sécurité territoriale. Cette version, qui dispose d'une liaison line-ofsight et peut exploiter sa capacité à recevoir un pilote à bord, est proposées aux services étatiques comme la police, la douane ou la sécurité civile. De la recherche de personne à la détection de feux de forêt en passant par la lutte contre le narcotrafic et la surveillance en générale, cette variante de l'appareil pourrait, là aussi, venir en complément des moyens aériens mis en œuvre aujourd'hui par les différentes administrations. On notera enfin que Sagem et Stemme travaille à l'intégration d'un moteur plus puissant sur le Patroller. Cette évolution serait disponible en 2012.
(*) le Drone Patroller a une envergure de 18 mètres et une masse maximale au décollage de 1 tonne. Capable d'opérer à des vitesses comprises entre 70 et 130 noeuds, son autonomie, confirmée lors des campagnes d'endurance, peut atteindre 30 heures en version surveillance, avec un plafond de 8000 mètres. Avec des réservoirs supplémentaires sous les ailes, elle pourrait même atteindre 40 heures. Et, si ces réservoirs sont remplacés par des équipements, l'autonomie demeure confortable, avec une vingtaine d'heures.
Le député Bernard Carayon, spécialiste des questions d'intelligence économique s’en était ému déclarant dans un communiqué en juin 2010 que : "L'acquisition par la France d'équipements militaires étrangers, à l'instar du drone américain Predator, constituerait un signe extrêmement inquiétant pour tous ceux qui, élus comme industriels, sont attachés à garantir nos capacités de recherche". Ces acquisitions interviendraient "alors que des menaces fortes pèsent sur le budget de la Défense, et en particulier, sur le niveau de nos investissements dans les technologies du futur", avait-il souligné.
"Partout dans le monde, la priorité est à la défense des industries nationales", poursuit-il, estimant que "ce n'est vraiment pas le moment de sacrifier nos intérêts stratégiques nationaux".
Article RH 3B Conseils
Sources Sagem / mer et marine /le Point.fr
Photo Sagem