C’est dans cet environnement de resserrement de la commande publique que l’entourage du président français a laissé entendre - en marge de sa visite sur le Charles-de-Gaulle à Toulon - qu’aucune décision ne sera prise avant 2011 concernant la construction ou non d'un second porte-avions : "On a dit qu'on prendrait une décision en 2011 en fonction de la situation économique. C'est sûr que la situation économique actuelle ne facilite pas la décision".
Pour sa part, s’exprimant depuis Berlin, au Salon aéronautique ILA, Louis Gallois, président d’EADS a laissé paraître son inquiétude pour l’industrie européenne de défense face à la réduction des budgets des États. Cela est vrai également pour l'ensemble de l'industrie européenne inquiète notamment pour ses programmes et les crédits dévolus à la recherche.
Cette situation économique générale met ainsi en difficulté plusieurs des programmes du groupe européen d’aéronautique et de défense. C’est ce que révèle le président d’EADS, dans un entretien à Usine Nouvelle : « Il faut éviter un effet domino sur les grands programmes de coopération. (…) Les pays doivent avoir conscience qu’en se désengageant d’un programme, ils peuvent mettre en difficulté un autre programme dans un autre pays. (…) Nous devons démontrer que le meilleur moyen d’économiser est de coopérer en Europe».
Cela peut être vrai notamment pour des programmes comme l’avion de transport militaire A400M, qui fait toujours l’objet de négociations entre les pays clients et EADS. De fait ses craintes se justifient d’autant plus qu’après la décision du Royaume-Uni de réduire sa commande de trois appareils A400M, c’est l’Allemagne - avec son plan d’austérité de 80 milliards d’euros – qui devrait s’engager dans cette voie avec une commande réduite de sept appareils.
Il faut rappeler en effet que suite aux surcoûts de 10% du programme A400M, les accords prévoient que les États ont la faculté d’annuler jusqu’à 10 appareils de leur commande totale.
Au delà, EADS s’est engagé comme toutes les grandes entreprises européennes dans un programme visant à minimiser les impacts de ses activités sur l’environnement en prenant en compte les impacts de ses produits tout au long de leur cycle. En matière de R&D EADS est également fortement impliqué dans le domaine de carburants verts.
C’est ainsi qu’EADS (maison-mère d’Airbus) vient de faire voler au salon aéronautique de Berlin, un bi-moteur (Diamond DA42NG de conception autrichienne) alimenté par un carburant dérivé à 100% à partir d'algues en estimant d’ailleurs que les biocarburants pourraient représenter jusqu'à 30% du carburant avion utilisé d'ici à 2030.
EADS et Airbus ont décidé d'accélérer les recherches sur les carburants dérivés de plantes ou de la biomasse : micro-algues, salicorne ou encore copeaux de bois.
S’agissant de ce carburant aux algues, EADS a acheté la «quasi-totalité du kérosène aux algues actuellement produit dans le monde», estime Jean Botti, directeur de la technologie du géant européen de l'aéronautique.
Il s'agit de micro-algues de culture élevées par la société allemande IGV. Il faut 100 kilos d'algues pour extraire 22 litres d'huile d'algues qui, une fois raffinée, fournira 21 litres de biocarburant.
Les algues offrent de nouvelles possibilités en matière de vols neutres en émissions de CO2. En effet, elles rejettent autant de dioxine qu'elles en ont absorbée pendant leur phase de développement. Concrètement, 100 kilos d'algues absorbent 182 kilos de CO2.
Article RH 3B Conseils
Sources : Usine Nouvelle / AFP