Arctique – 22/5/2009 – 3B Conseils - Les 5 pays riverains (Russie, Canada, Norvège, Danemark, États-Unis) de l’océan Arctique se sont "engagés à prendre des mesures en conformité avec les lois internationales et nationales pour assurer la protection et la préservation du fragile environnement marin de l'océan Arctique". Cependant, chacun d’eux a mis en place une stratégie nationale dans le but de défendre sa souveraineté et l’accès aux matières premières de l’océan Arctique. Cette stratégie pourrait menacer l'équilibre écologique du Grand Nord.
Le Canada vient de publier le premier Atlas géologique de l'Arctique qui cartographie en 1 222 cartes l'emplacement des gisements d'hydrocarbures et de minerais précieux de cette région convoitée. Environ un quart des réserves non découvertes de gaz et de pétrole se trouverait dans l'Arctique.
Selon le professeur Peter Harrison, la fonte des glaces au pôle Nord crée des opportunités uniques pour le développement de nouvelles voies maritimes, l'accès à des réserves d’hydrocarbures (25% des réserves mondiales) ainsi qu’à une importante réserve de poissons.
Depuis quelques années, le gouvernement canadien poursuit la préservation de la souveraineté de ses territoires en Arctique. A la fin du mois de mars 2009, le ministre de la Défense nationale canadien et ministre de la promotion économique de l'Atlantique M. Peter Gordon MacKay avait annoncé que les Rangers canadiens patrouilleraient autour de l'île Ellesmere du 30 mars au 20 avril. Cette opération intitulée Nunalivut 2009 est la première de trois opérations annuelles de souveraineté prévues cette année dans le Nord par les Forces canadiennes.
Dans le même temps, la Russie a déployé des unités militaires et de détachements du Service fédéral de sécurité (FSB) dans l'Arctique. La Russie entend en faire une « base stratégique de ressources » pour notamment « assurer ses besoins en hydrocarbures, en ressources biologiques, en eau et autres matières premières stratégiques.
Parallèlement, dans le cadre de l'année polaire (le plus important programme international de recherche scientifique jamais entrepris sur l'Arctique et l'Antarctique, lancé en mars 2007), Son S.E.R. Albert de Monaco et M. Jean-Louis Borloo, ministre d'État, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, clôturaient ce programme au Collège de France le 15 mai dernier. A cette occasion, Jean Jouzel, du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), déclarait: "Les régions polaires sont au coeur des incertitudes que nous avons sur l'évolution du climat". De plus, Michel Rocard, ambassadeur chargé des négociations internationales sur les pôles, juge difficile de "sanctuariser" le pôle Nord : "L'Antarctique est un continent vide, alors que l'Arctique est un milieu humanisé et disputé pour ses ressources." Près de 4 millions de personnes y vivent. Les zones économiques exclusives (ZEE) - jusqu'à 200 milles des côtes -, relevant des pays riverains (Canada, Etats-unis, Russie, Danemark, Norvège), couvrent 40 % de l'Arctique. Mais si toutes les demandes d'extension étaient satisfaites, la zone internationale serait ramenée à 10 %, et "l'Arctique serait alors réduite à une mosaïque de zones nationales ouvertes à tous les usages, y compris militaires", redoute M. Rocard
Pour revendiquer une portion de territoire, les États s'appuient sur la Convention internationale sur le droit de la mer, qui permet d'étendre ses droits pour l'exploitation des ressources naturelles au-delà des 200 milles (sans dépasser les 350) si le pays prouve que cette extension est la prolongation de son plateau continental. La stabilité environnementale de l’Arctique semble être donc tributaire du bon vouloir des pays riverains de l’océan Arctique. A la vue des enjeux, il est en effet peu probable que les États acceptent de réviser leurs appétits sur la foi de ce seul atlas, qui refuse par exemple à la Russie la propriété de la dorsale de Lomonossov sur laquelle Moscou s'était empressé, en 2008, de planter son drapeau national.(Youtube – Russia plants flag on Artic floor, claims North Pole)
Pour plus d’informations vous pouvez relire les articles de Thierry Garcin parus dans la revue Défense Nationale : « Le Grand Nord, nouvel espace géopolitique », n°11, 2006 et « L'Arctique revisité », n°2, 2008. Réécoutez également son émission Les Enjeux internationaux sur France Culture : l’émission du 7 octobre 2008 (ICI) avec Frédéric Lasserre, professeur de géographie (Université Laval, Québec), directeur de l’Observatoire de Recherches Internationales sur l’Eau (ORIE), et l’émission du 9 mai 2008 ICI.
La troisième conférence « Défense & Environnement : une nouvelle manière de penser » qui se tiendra le jeudi 2 juillet 2009 à l’Assemblée nationale (salle 6217) consacrera une table ronde au monde Arctique: Inscriptions
Article : FRi 3B Conseils
Sources : Le Monde / Diploweb / L'Année polaire internationale / SLG - BB - 3B Conseils
Image: Carte de l’Arctique. L’Année polaire internationale
vendredi 22 mai 2009
La course aux matières premières : un danger pour le Grand Nord
Publié par Brigitte Bornemann - directrice des publications 0 commentaires
mardi 19 mai 2009
La piraterie maritime menace désormais la pêche environnante
Golfe d'Aden (Somalie) – 20/5/2009 – 3B Conseils – La publication du rapport sur la piraterie maritime du député Christian Ménard, présenté à la commission de la défense nationale et des forces armées le 13 mai 2009, fait état d’un risque pour « les installations pétrolières du golfe de Guinée et des eaux nigérianes ».
Ainsi la prise de conscience des enjeux et des risques par la France a contribué à la mobilisation de la communauté internationale sur ce sujet, d’autant qu’aujourd’hui, 94 % du commerce mondial transitent par la mer. Dès lors la piraterie pose un problème considérable aux armateurs et les primes d’assurance applicables au fret maritime ont augmenté ces dernières années de 300 %. Au-delà de ses conséquences les plus directes que sont les attaques les prises d’otages et les rançons, la piraterie a mis en évidence l’importance des enjeux de sûreté maritime, aux frontières de la défense et de la sécurité.
La première réaction aux attaques de pirates a nécessairement été de nature militaire et navale. Cependant, le 18 mai 2009, le site Mediaterre nous fait part de l’inquiétude sur les îles des Seychelles, de Madagascar et l’île Maurice du déplacement de cette piraterie qui menacerait les activités de pêche de la région, notamment celle du thon. En effet, « La présence d'une force européenne pour protéger les navires dans cette partie de l'Océan Indien, pousse les pirates a descendre dans les parages de Madagascar et de Maurice.» Les autorités mauriciennes mènent d’ores et déjà des consultations poussées avec les marines françaises et indiennes afin de limiter ce risque. L’industrie entière du thon pourrait se retrouver privée de matières premières. Mais le fond du problème ne peut être indéfiniment ignoré.
Dans son rapport, le député recommande la mise en œuvre d’une approche globale par la communauté internationale pour des actions militaires et civiles. Pour sa part, le ministre somalien des Affaires étrangères rappelle à la communauté internationale que le problème de la piraterie se situe sur la terre ferme et la Somalie a besoin d’un Etat de droit. Sur le plan militaire il préconise s’agissant du golfe d’Aden et au large de la Somalie, un arsenal de mesures visant à rendre ces attaques plus risquées et plus coûteuses pour les pirates :
- En s’appuyant sur la résolution 1851 des Nations-Unies la communauté internationale mener ponctuellement des interventions à terre de type policier en ciblant par exemple les navires suspects et en avertissant que tous ceux qui seront retrouvés en mer seront détruits.
- En renforçant la présence navale et aérienne afin de mieux couvrir les zones à risque (ex la mer des Seychelles) Les pêcheurs sont particulièrement vulnérables dans cette zone et la meilleure solution serait très certainement de baser un avion de patrouille maritime aux Seychelles. Cet État, fortement menacé par la piraterie, ne devrait pas s’y opposer.
- En utilisant des drones – comme le font les américains de la Task force 151 –pour renforcer les moyens de surveillance.
Mais toute action sur le plan militaire qui ne serait pas accompagnée d’un volet important dans le domaine civil serait échec Aussi le rapport parlementaire met-il l’accent sur ces aspects essentiels en plaidant pour :
- Un accroissement de l’aide au développement de la Somalie en combinant le soutien à la restauration de l’État de droit et les aides directes et conditionnelles à la population.
- Une consolidation des capacités juridiques et judiciaires des États côtiers – comme le Kenya – auxquels l’Union européenne a choisi de transférer les pirates capturés.
- Une aide afin que la Somalie puisse recouvrer sa souveraineté maritime et à exploiter ses ressources, longtemps pillées, dans le domaine de la pêche.
D’autres sujets sont étudiés par la mission d’information parlementaires comme la nécessité par la communauté internationale de partager l’information et de s’engager dans une coopération entre les forces navales, mais aussi avec les États côtiers en matière de sauvegarde maritime, et le contrôle de la circulation des flux financiers générés par la piraterie.
S’agissant des armateurs, ils devraient quant à eux renforcer les capacités de défense passive des navires (systèmes automatiques de veille optique) et améliorer la formation des équipages. Reste le coût de telles mesures. Sur ce point, la mission indique que les armateurs devraient contribuer au développement économique de la région et à la sécurisation des espaces maritimes. Elle estime, pour le golfe d’Aden, que sur la base d’un euro perçu par tonne de marchandise, ce sont 2 millions d’euros par jour qui pourrait être réunis et dédiés à ces politiques.
Article : RH - FRi 3B Conseils
Documents de référence : Mediaterre / photo Assemblée Nationale / Le Télégramme / RFI / 3B Conseils
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Les armées se mettent au vert
Washington (États-Unis) – 19/5/2009 – 3B Conseils – Les autorités militaires américaines et britanniques qui participaient fin 2008 (Article 3B Conseils 7/11/2008) à la réunion annuelle du DEFNET (réseau informel d'experts "environnement" des ministères de la défense de l'Union européenne que nous vous présentions le 18 août 2008) couplée avec la conférence internationale sur l’importance de la prise en compte du climat par les armées prennent les choses en main. En effet, sur le terrain de la guerre, l’heure est à l’économie d’énergie.
Dans les coulisses du Pentagone, on commence à remettre en cause la dépense énergétique de l’armée. Au delà des simples considérations climatiques, une inquiétude : plus les régiments consomment sur le terrain, plus il faut de camions pour acheminer le carburant. Or, ces camions sont très vulnérables aux attaques. En juin 2008 par exemple, 44 camions chargés de transporter 220 000 gallons (830 000 litres) de carburant vers la base de Bagram en Afghanistan ont été perdus dans des attaques ou ont subi des avaries.
Aujourd’hui en Irak et Afghanistan, les troupes américaines consomment en moyenne 68 millions de gallons (257 millions de litres) de carburant chaque mois. Du coup, l’armée a lancé des programmes de recherche pour limiter sa consommation. Isoler les tentes avec une couche de mousse dure pourrait réduire les besoins en chauffage et air conditionné et économiser 100 000 gallons (378 500 litres) par jour. Ailleurs, le Pentagone prévoit de puiser un quart de son énergie au robinet renouvelable d’ici 2025 et d’acheter 4 000 voitures électriques pour circuler dans ses bases.
Mais l’US Army n’est pas la seule à faire des efforts. En Grande-Bretagne, l’armée affirme avoir déjà réduit en 10 ans de 10% les émissions de carbone de ses engins de guerre. Mieux, la quasi-intégralité des avions de la RAF sont prêts à voler aux biocarburants. En janvier, le ministère de la Défense a affirmé que « réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles » était une priorité. Tant mieux. Car les ardoises des armées sont lourdes. En Grande-Bretagne par exemple, le ministère de la Défense est responsable de 70% des émissions en carbone du gouvernement.
Article : FRi 3B Conseils
Documents de référence: Governement executive / The Independent / Terra Eco / Le Télégramme / 3B Conseils
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