ARCHIPEL DES GAMBIER (Polynésie française) - 15/07/2008 - 3B Conseils - Si dans l'esprit du public le nucléaire en Polynésie est lié au nom de Mururoa, ce n'est pourtant pas le site qui pose le plus de problèmes et bien d'autres lieux contaminés existe que le grand public ne connaît pas forcement. Depuis un mois, 34 militaires du Génie et de la Légion se sont lancés dans des travaux de déconstruction des anciens sites du CEP [Centre d’Essais du Pacifique] dans l’archipel des Gambier l’un des plus reculé de Polynésie, à 1700 km de Tahiti. Ancien volcan qui s’est effondré, l’archipel est composé de plusieurs îles hautes. Le tout est encerclé d’une barrière corallienne de 90 km.
Entre 1966 et 1974, 41 explosions nucléaires ont eu lieu dans ces atolls, non sans risque pour l’environnement. Un rapport parlementaire de Christian Bataille indique qu’il existe plusieurs catégories d’essais dont les impacts sur l’environnement varient: 1) en 1966 et 1967, quatre essais ont été effectués à partir de barges ancrées dans le lagon. De l'avis des spécialistes, ce sont ces tirs sur barges qui ont entraîné la plus importante contamination des sites : "Le tir sur barge a l'inconvénient d'entraîner une contamination locale suffisante pour gêner la reprise des travaux sur l'atoll...". Le Directeur des services de protection radiologique du CEA reconnaissait d'ailleurs que : "Si nous n'avions pas effectué de tirs sur barge, nous aurions aujourd'hui des lagons impeccables" ; 2) quant aux essais de sécurité qui permettent de s'assurer que les armes nucléaires ne s'amorceraient pas d'elles-mêmes pendant les périodes de stockage et de transport, peu d’informations sont disponibles. Ces essais peuvent entraîner une certaine dispersion des matières fissiles qui composent les engins à tester ; 3) les essais à partir des barges s'étant révélés particulièrement polluants, les responsables du CEP ont cherché un moyen de réduire l'impact des essais aériens. En effet, si le tir est effectué sur le sol ou à partir d'une barge, la boule de feu créée par l'explosion (parfois 500 mètres) se heurte aux matériaux présents et à l'eau du lagon qui sont alors vaporisés et mélangés aux gaz chauds. Si on arrive à faire exploser l'engin à une hauteur suffisante et en tout cas supérieure au rayon de la boule de feu, il n'y a pas d'interaction avec le sol ou avec l'eau, ce qui limite les retombées radioactives. Pour réaliser ces essais en hauteur, ils ont fait appel à des ballons captifs.
L’impact de ces activités sur l’environnement est donc conséquent. L’émission Thalassa du 27 juin 2008 rappelle que dès la première explosion lors de l’essai baptisé «Aldebarran » du 2 juillet 1966, un nuage chargé de particules radioactives, a été entraîné par des vents non prévus. À l’époque les rapports classés Secret Défense définissent la pollution radioactive comme réelle, constatée et mesurée. La salade des Gambier révélait par exemple quelques jours après l’explosion une radioactivité comparable à ce qui a été mesuré à Tchernobyl le jour de l’accident. En effet, à 400km des explosions il n’a jamais été question d’évacuer les 470 habitants de leurs îles qui d’ailleurs n’avaient jamais entendu parler de risques ou de danger. Le délégué à la sûreté nucléaire, Marcel Jurien de la Gravière, s’est déplacé la semaine dernière aux Gambier, il explique: « il y avait un engagement qui avait été pris par le précédent ministre de la Défense, d’habilité au secret défense des membres de l’Académie des Sciences et de Médecine. Ils sont en train de revoir toutes les archives, et donc toutes les mesures qui ont été faites dans l’environnement et ils feront (…) une publication scientifique sur l’état de la dosimétrie en Polynésie, à l’époque des essais aériens ». Ce document devrait servir de référence dans le domaine, une fois rendu disponible fin 2009. Quarante deux ans après le première explosion, le travail de réhabilitation des sites (Totegegie, Rikitea, Taku, Tureala et bientôt Hao) débute. Les morceaux de ferrailles sont récupérés et sont stockés avant d'être envoyés sur Tahiti, où ils seront traités. Les blocs de ciment récupérés sont conservés pour servir par la suite de matière première. A Totegegie où étaient installées des stations météorologiques et de surveillance radiologique, restent 70 dalles de bétons, éparpillées sur près de trois kilomètres, des ferrailles enfouies qui ressortent de la couche de corail, et une quarantaine de plots situés dans le lagon. Ces plots servaient autrefois de structure à des antennes ou autres appareils de mesures. Depuis toutes ces années, une faune marine et des coraux y ont élu domicile. Après une étude de la protection marine, il a été décidé que ces plots seraient coupés à deux mètres sous le niveau de la mer, pour éviter tout incident avec les bateaux, mais ne seraient pas entièrement détruit afin de préserver les nouveaux habitants. Quatre mois de travaux devraient être encore nécessaires pour réhabiliter complètement le site. Le nettoyage de tous les sites devrait s’achever en avril 2009.
Références : SLG 3B Conseils / DICOD / France O / France 3 / Thalassa / Sénat / Tahiti Presse
mardi 15 juillet 2008
Réhabilitation des anciens sites nucléaires de Polynésie
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