PARIS (France) 27/06/2010 – 3B Conseils - Nous évoquions récemment dans deux articles de ce blog (8 juin 2010 sur les priorités du gouvernement norvégien pour le Grand Nord et 10 juin 2010 sur les 35 milliards dévolus au renouvellement de la flotte canadienne), les manœuvres en cours autour de l’Arctique au regard des nouveaux enjeux stratégiques liés notamment au réchauffement climatique : ouverture de nouvelles voies maritimes, accès aux ressources inexploitées (minérales et pétrolifères), question de souveraineté pour les Etats riverains….
Il faut bien considérer en effet que jusqu’à un passé encore récent, outre l’aspect scientifique, les deux cercles polaires ne suscitaient guère d’intérêt ou de convoitises : trop froid, trop difficile à surveiller et inexploitable économiquement.
Désormais aucune puissance ne se désintéresse plus de ces zones devenues hautement stratégiques - et notamment l’Arctique - avec le réchauffement climatique. Les deux pôles risquent même de générer bon nombre de complications géopolitiques.
S’agissant de la France, le Premier ministre François Fillon lors de sa visite en Norvège a marqué l’intérêt de son gouvernement pour les actions en cours et leurs développements géostratégiques et économiques dans la région.
Rappelons que le 27 avril 2010, dans une question écrite parlementaire, le député François Cornut-Gentille interpellait le ministre de la Défense « sur les capacités militaires françaises en zone arctique et antarctique ». Il s’inquiétait des moyens dont disposent l’armée française alors qu’avec le réchauffement climatique, les deux zones polaires vont devenir sources d’enjeux géostratégiques majeurs.
Le député de la Haute-Marne indiquait notamment que la République de Chine projetait de lancer en 2013 son premier brise glace bien que n’ayant aucun territoire concerné par ce type de climat. Une approche militaire de ces régions qui inquiète le député qui s’interroge de fait sur les moyens dont dispose la France.
Dans sa réponse parue au journal officiel le 22 juin 2010 le ministère de la défense indique que « le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a réaffirmé la vocation de la France à entretenir en permanence sa capacité d'action extérieure nécessaire pour assurer la défense de ses intérêts et assumer ses responsabilités.
Ce document définit la stratégie d'intervention de notre pays, fondée sur un arc de crise sur lequel les moyens de la France doivent être concentrés pour prendre en compte les risques et les menaces futures jugés les plus probables au cours des prochaines années. Cet arc de crise, qui s'étend de l'Atlantique à l'Asie centrale, n'intègre pas explicitement les régions arctiques et antarctiques.
Pour autant, les armées disposent, au titre de leur contrat opérationnel, de savoir-faire et de capacités militaires répondant aux exigences de fonctionnement dans les milieux climatiques extrêmes, permettant ainsi, en cas de nécessité, une intervention en zone polaire, y compris en urgence.
L'armée de terre détient une expertise « grand froid » avec les 6 000 militaires de la 27e brigade d'infanterie de montagne (27e BIM) - basée à Grenoble - entraînés à évoluer dans un relief escarpé ou montagneux et dans des conditions climatiques extrêmes. Cette brigade mène régulièrement un entraînement spécifique dans les régions proches du pôle Nord, notamment en Norvège. Elle participe tous les deux ans à l'exercice norvégien Cold Response, dont l'objectif est d'entraîner au combat en zone arctique un état-major tactique et un groupement tactique interarmes de 400 hommes opérant avec des matériels spécifiques.
La mise en service, à partir de 2012, des nouveaux véhicules blindés haute mobilité au sein d'un des bataillons de la 27e BIM donnera lieu à des expérimentations « grand froid » en zone polaire.
Par ailleurs, l'école militaire de haute montagne de Chamonix dispose d'une équipe spécialisée effectuant des expéditions en zone polaire pour expérimenter les matériels nouveaux et les procédures spécifiques en milieu extrême.
La marine nationale effectue pour sa part chaque année un déploiement opérationnel d'une unité de surface et sous-marine en zone grand Nord à des fins d'entraînement et de vérification des performances des équipements et des senseurs. En outre, toute nouvelle unité effectue un déploiement en zone froide avant d'être admise au service actif, comme c'est le cas actuellement de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul.
Enfin, s'agissant de l'armée de l'air, 3 Mirage 2000 ont participé en 2009 à un exercice Red Flag en Alaska. Par ailleurs, l'armée de l'air vient de déployer un dispositif de défense aérienne en Lituanie pendant les quatre mois d'hiver durant lesquels les températures ont avoisiné les - 30 °C. De plus, chaque année, des pilotes effectuent des stages de survie en conditions polaires en Suède, en Finlande et en Norvège. La France dispose ainsi d'ores et déjà de capacités militaires lui permettant d'intervenir dans les conditions extrêmes des zones polaires si l'évolution de la situation stratégique venait à l'exiger. »
Article RH 3B Conseils
Sources : SLG / actudéfense / Assemblée nationale
photo Sirpa Terre
lundi 28 juin 2010
Le dispositif militaire français dans les zones polaires.
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