Russie - 1/9/2009 - 3B Conseils - L’épave du sous-marin nucléaire russe K-159 continue de rouiller sur le fond de la mer de Barents. Le 30 aout, cela a fait 6 ans que le sous-marin a coulé près de l’île de Kildin, au nord de Mourmansk, une zone importante pour les pêches russes et norvégiennes. Le K-159, un sous-marin de la classe November avait été désarmé de la flotte russe du Nord à la fin des années 80. Il avait une quarantaine d'années et ne naviguait plus depuis 1989. Il était en train d'être remorqué de la base navale de Gremikha pour rejoindre le chantier naval de Polyarny où il devait être démantelé. Les pontons de remorquage se sont détachés en raison d'une tempête, le sous-marin a perdu sa stabilité et a coulé, a expliqué en 2003 le porte-parole du ministère de la Défense, le colonel Nikolaï Deriabine. "Les réacteurs nucléaires étaient neutralisés et les munitions nucléaires avaient été enlevées", a-t-il assuré.
Les 2 réacteurs nucléaires contiennent toujours les barres de combustible nucléaire usagé, hautement radioactives. A cause du contenu mortel des réacteurs, et de la corrosion qui se poursuit sur la coque qui était déjà très attaquée par la rouille, le sous-marin est considéré comme l’un des plus dangereux de la zone arctique.
Après le naufrage du K-159, l’état-major de la marine russe avait pourtant promis de renflouer le sous-marin. Mais les projets de renflouage ont tous été reportés à de multiples reprises. Selon le chef de projet de renflouage du British Defense Logistics Organization, Morgyn Davis, il y a une crainte importante de l’inconnu. L’équipe de Morgyn Davis a été consultée par les autorités russes pour le K-159. Selon lui, la première chose à faire est d’envoyer des engins télécommandés sur l’épave, de découper les câbles qui reliaient le sous-marin aux pontons et de placer des senseurs pour surveiller la radioactivité. Selon lui, le sous-marin est rempli d’eau, donc le remonter à la surface depuis cette profondeur sera très difficile.
Pour l’instant, l’instrumentation déjà mise en place dans le cadre de l’Arctic Military Environmental Cooperation (AMEC) n’a révélé aucune fuite de radiation sur le K-159.*
La politique de « glasnost » (transparence) lancée par le président soviétique (et fondateur de Green Cross International), Mikhaïl Gorbatchev, à la fin des années 1980 a révélé des informations inquiétantes sur les pratiques russes, notamment dans le domaine nucléaire, et sur leurs conséquences sur l’environnement : graves accidents dans des centrales et à bord de vaisseaux nucléaires, réseau de villes secrètes dédiées à la fabrication d’armes, immersion ou enfouissement de déchets sans contrôle… C’est sur ce secteur de l’héritage environnemental soviétique que la communauté internationale, qui se sentait directement menacée par les risques de contamination nucléaire à ses frontières, s’est le plus mobilisée au cours des années 1990. Dans les premières années qui ont suivi la fin de l’Union soviétique, elle a en particulier consacré ses efforts à aider les Nouveaux Etats indépendants à se «dénucléariser». L’Union soviétique avait construit au total 247 sous-marins nucléaires, cinq navires de guerre à propulsion nucléaire dont plusieurs croiseurs lance-missiles de la classe Admiral Ouchakov ainsi que huit brise-glace, dont le plus célèbre est le Lénine. Les deux tiers étaient affectés à la Flotte du Nord, devenue ainsi du temps de l’Union soviétique la plus grosse flotte nucléaire du monde, et un tiers à la Flotte du Pacifique.
Seulement aucune infrastructure n’avait été mise en place pour le désossage de ces navires ayant passé le seuil limite le leur durée d’exploitation ni même de sites de stockage et de recyclage du combustible nucléaire usé et d’autres déchets radioactifs tant liquides que solides. C’est ainsi que la Russie s’est retrouvée face à cet énorme problème qu’est celui du nettoyage de ses eaux territoriales et de son sol de cette "richesse radioactive invendable" que l’on désigne aussi sous le nom de "tchernobyls flottants". Parce qu’un accident avec l’un de ces sous-marins désaffectés, le naufrage d’un submersible ayant encore à son bord du combustible nucléaire, par exemple, pourrait provoquer une grave catastrophe écologique.
Les risques qui pèsent sur l'environnement sont, malgré les chantiers de démantèlement en cours, toujours très importants. Les sous-marins en attente de leur démantèlement, conservent à bord des propulseurs et résidus de combustible nucléaires. Ils contiendraient 30 fois la quantité de combustible nucléaire du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl lorsqu’il a explosé en 1986. La fondation Bellona a lancé un appel à propos des risques d’explosion nucléaire spontanée sur le plus grand site d’Europe pour le stockage de déchets radioactifs et de combustible radioactif usagé, situé à 100 km de Mourmansk et à seulement 45 km de la frontière russo-norvégienne, dans la baie d’Andreïeva. Selon un rapport d’experts et de scientifiques russes, un accident de ce type pourrait répandre dans l’atmosphère au moins 20 millions de curies. Le principal problème de la flotte du Pacifique réside dans le remorquage de ces navires vers les chantiers. En effet, les sous-marins sont disséminés le long de la côte, parfois à plus de 1 000 km de la plus proche installation de démantèlement.
L'autre risque de contamination est représenté par les vingt réacteurs de sous-marins nucléaires et le réacteur de brise-glace qui auraient été immergés depuis 1965 dans l’océan Arctique, au Nord de la Sibérie orientale. Selon certaines estimations, les déchets de la mer de Kara représenteraient les deux tiers de tous les matériaux nucléaires immergés dans le monde.
English Summary :
The wreck of the Russian nuclear powered submarine K-159 is still corroding on the bottom of the Barents Sea. On August 30, it is six years since the submarine sank near the Kildin Island north of Murmansk, an area important for both Russian and Norwegian fisheries.
K-159, a November-class submarine taken out of operation from the Soviet Northern fleet in the late 80-ties, sunk in bad weather while being towed. Nine sailors died when the sub went down, just before the inlet to the Kola Bay in the early morning of August 30, 2003. The submarine was on its way from the Gremikha naval base to the naval yard in Polyarny where it was supposed to be decommissioned.
The two nuclear reactors onboard still contain the highly radioactive spent nuclear fuel rods. Due to the lethal inventory of the reactors, and the on-going corroding process on the already rusty hull, the submarine is considered to be one of the most dangerous objects in the Arctic Oceans.
After K-159 sunk in 2003, the Russian naval command promised to retrieve the submarine sometime in 2004. But 2004 past without lifting the sub, and since then new lifting plans have been postponed, and again postponed.
*L'AMEC est une coopération militaire, principalement consacrée à des projets de sécurité nucléaire dans le nord de la Russie. Elle a été lancé par la Norvège au milieu des années 90. Il s’agissait d’un accord entre la Norvège, la Russie et les États-Unis. La Grande-Bretagne a rejoint l’accord en 2003.
Article : FRi 3B Conseils
Source : Barents Observer / Le portail des sous-marins / www.dissident-media.org / La documentation française / RIA Novosti / Bellona / 3B Conseils
Photo : La fondation norvégienne pour la protection de l’environnement Bellona
mardi 1 septembre 2009
Sous-marins nucléaires russes : L'épave du K-159 relance les inquiétudes sur un accident nucléaire sans précédent
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