GRENOBLE (France) – 26/09/2008 – 3B Conseils - Hier, sur son blog Secret Défense, Jean-Dominique Merchet notait les protestations de l’association Mountain Wilderness contre un exercice de l’armée. L’aviation civile a annoncé, le 11 septembre, l’ouverture d’une Zone réglementée temporaire (ZRT : carte ICI) au-dessus des Alpes. Les militaires français du GTIA 700 (groupement tactique interarmes), en partance pour l'Afghanistan, s'y entraîneront avec des moyens aériens. Cette ZRT sera valide du 30 septembre au 2 octobre, dans le cadre d'un exercice baptisée Jalalabad. Le problème est que cet espace, entre la Maurienne et la Durance, au sud-est de Grenoble, empiète, selon l’association, sur plus de la moitié de la surface de la zone centrale du Parc national des Ecrins (carte ICI) situé dans les Hautes-Alpes et l’Isère.
Dans un courrier adressé au ministre de la Défense, son président Hugues Thiebaut explique que cette ZRT "dans la mesure où elle règne jusqu'au niveau du sol, déroge à l'interdiction de survol, dans tous les parcs nationaux, à une hauteur inférieure à 1000 m par rapport au sol". L'armée de l'air a expliqué que "même si les aéronefs iront plus à l'Est [c'est-à dire hors Parc national], il faut qu'ils puissent boucler". Pour Mountain Wilderness "ni la direction, ni la présidence du Parc n'ont été informé de cet exercice" "Nous demandons avec insistance que le volume aérien au dessus du Parc soit exclu de la ZRT. Nous pensons que la prise en compte de notre demande peut contribuer à réduire le scepticisme de l'opinion sur l'intervention en Afghanistan". Mountain Wilderness a demandé au ministre de la Défense d'exclure le Parc du périmètre d'évolution des appareils et a saisi le Comité de Massif des Alpes.
Les ZRT sont des zones établies temporairement (moins de trois mois) autour d'évènements particuliers par exemple et établissant une règlementation spécifique (contact radio obligatoire, transpondeur obligatoire, altitude de transit...). Elles peuvent être créées pour des évènements particuliers, pour des raisons de sécurité (défilé du 14 juillet, exercice militaire, explosion d'une mine de la seconde guerre mondiale, etc.) ou pour des raisons de sûreté. Ces zones sont validées par le BEP (bureau exécutif permanent) du CRG (comité régionale de gestion de l'espace aérien) et sont portées à la connaissance de l'usager de l'espace aérien par les publications aéronautiques. Elle vaut dérogation aux règlements habituels interdisant, pour des raisons de préservation de l'espace, tout survol à moins de 1000 m du sol.
Le Parc des Ecrins (91 800 hectares) est le cinquième parc national français, il a reçu le label de "Parc européen de la haute montagne".
Pour en savoir plus : Décret n° 2006-944 du 28 juillet 2006 relatif aux parcs nationaux et modifiant notamment le code de l'environnement : ICI
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : Blog Secret Défense / Mountain Wilderness / 3B Conseils
vendredi 26 septembre 2008
L’exercice aérien Jalalabad provoque la colère des écologistes
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jeudi 25 septembre 2008
Deux nouvelles coques en attente de démantèlement à Brest
BREST (France) – 25/09/2008 – 3B Conseils – Le blog Mer et Marine a annoncé, le 23 septembre, la présence à Brest des coques de l'ex-remorqueur Rari (coque A 634) et de l'ancien bâtiment océanographique D'Entrecasteaux (coque : A757 puis P 674) toutes deux en attente de démantèlement.
Les deux navires, entrés en service respectivement en 1985 et 1971, ont été désarmés en moins de trois mois et en quatre étapes : débarquement du matériel de rechange, récupération du matériel exploitable, centralisation des documents, recensement du patrimoine, qui est remis au Service historique de la Marine (cloche, plaques, souvenirs, lithographies...). La Marine nationale a innové avec notamment la participation de six réservistes qui travaillaient avec un noyau d'équipage du navire. Mer et Marine note que les bâtiments sont passés au bassin pour décapage et débarquement du combustible et des lubrifiants. Tous les matériels pouvant être ré-exploités ont été débarqués, et les différentes ouvertures (cheminées, sorties de lignes d'arbres) obturées pour rendre les coques étanches. Deux points essentiels ont été relevés par le quotidien Ouest France : un dossier technique amiante a été validé, toutes les matières dangereuses ont été répertoriées et localisées à bord. La Marine est également conforme au contrat de baie en vigueur à Brest (peintures de coque enlevées et remplacées par une peinture aux normes). L'organisation dépendait d'Alfan Brest, l'opération était gouvernée par la commission locale de désarmement et de condamnation, présidée par le commandant de la base navale.
Le Rari effectuait des missions de remorquage en haute mer, soutien incendie, surveillance maritime, ravitaillement inter-insulaire....Il avait notamment apporté un appui aux plongeurs de la Marine lors de l’ouragan Katrina. Il s'était illustré encore dernièrement en escortant le Junior, arraisonné pour trafic de drogue. Construit à l'arsenal de Brest, D’Entrecasteaux (du nom du navigateur qui en 1791, avait été chargé par Louis XVI de partir à la recherche de La Pérouse) était chargé de la surveillance, des approches maritimes et de l’instruction. Il a parcouru environ 37 fois le tour du monde. Il a été jusqu'en 2003 le premier bâtiment océanographique français. C'était l'unité la plus importante du Service Hydrographique et Océanographique (SHOM) de la Marine. L'ancien bâtiment avait retrouvé une seconde vie en étant transformé en BSE (Bâtiment de sauvegarde et d'entraînement), en 2005. Le 12 septembre l'ultime cérémonie des couleurs a marqué la fin de vie des bâtiments.
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : Mer et Marine / Le Télégramme / Ouest France / 3B Conseils
Photo (Mer et Marine): L'ex-remorqueur Rari et l'ancien bâtiment océanographique D'Entrecasteaux à Brest.
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mercredi 24 septembre 2008
Isolement finlandais sur l’interdiction des BASM
HELSINKI (Finlande) – 24/09/2008 – 3B Conseils - Le ministre de la défense finlandais, Juhani Kaskeala, a indiqué lundi, lors d’un séminaire de Défense à Helsinki, sa réticence à signer le traité d’interdiction des bombes à sous-munitions (BASM). La signature de ce traité international affaiblirait selon lui de manière significative la défense du pays.
La Finlande possède 1200km de frontière avec la Russie et justifie sa position par des raisons à la fois stratégiques, budgétaires et tactiques. Le blog Bruxelle2 rappelle que d’un point de vue stratégique la Finlande « ne fait pas partie de l'Alliance militaire atlantique [et] revendique une "neutralité active [qui] s'appuie (...) sur une armée moderne et active ». « La bombe à sous-munition a un très grand rôle dans la crédibilité, l’autonomie et la prévention de la défense finlandaise » a affirmé Jyri Häkämies. D’un point de vue budgétaire l'équipement en BASM a coûté près de 30 millions d'euros. Les détruire reviendrait à 7-8 millions d'euros. Sur un plan tactique, il n'y a pas actuellement "d'alternative possible", de moyens de substitution, à court terme (avant 5 ou 10 ans). Sauf à recourir aux armes intelligentes or l’armée finlandaise n'en a ni les moyens ni le budget.
Comme nous vous le rappelions le 26 août, une centaine de pays se sont ralliés en février 2007 à une interdiction des BASM qui pourrait être prononcée à Oslo en décembre prochain suite à la signature à Dublin, le 29 mai 2008, du texte de compromis. Parmi ces 107 États, on compte 13 des 26 pays contaminés par des bombes à sous-munitions, 38 des 78 pays qui stockent des bombes à sous-munitions, 17 des 34 pays qui ont produit des bombes à sous-munitions, 7 des 14 pays qui ont utilisé des bombes à sous-munitions. Lorsqu’il entrera en vigueur, ce traité deviendra un instrument international juridiquement contraignant qui interdit l’utilisation, la production, le stockage et le transfert des armes à sous-munitions et qui oblige les États parties à nettoyer les zones contaminées et à fournir de l’assistance aux personnes et aux communautés touchées par l’emploi des armes à sous-munitions.
Il semble très difficile d’interdire l’utilisation de ce type d’armes. D’une part parce que les principaux pays producteurs et utilisateurs de sous-munitions (Etats-Unis, Russie, Chine, Corée du nord, Inde, Iran, Israël, Pakistan) sont fréquemment absents des discussions. D’autres part, parce que de grands Etats de droit y trouvent une utilité. Prenons l’exemple des mines antipersonnel. La Finlande avait déjà refusé de signer la convention sur l'interdiction des mines antipersonnel de 1998 aussi appelée Convention d’Ottawa (liste des Etats non signataires ICI). Cette décision semble se justifier par le besoin de surveiller de grandes zones ou de longues frontières et le manque d’hommes pour le faire. Le pays s'était justement équipée en bombes à sous munitions pour remplacer les mines anti-personnel.
Le gouvernement finlandais doit préciser sa position cet automne avant l'approbation finale du Traité. La Finlande préside actuellement l'OSCE dont l'assemblée parlementaire s'est prononcée en faveur de l’interdiction de ce type d’arme...
Pour en savoir plus : intervention du Général Bertrand Binnendijk lors de la conférence «Défense et Environnement : une nouvelle manière de penser » le 30 mai 2008 : ICI. Emission "Les enjeux internationaux" de Thierry Garcin le 19 mai 2008 sur les bombes à sous munitions : ICI
Les armes à sous munitions, rapport d'information n° 118 (2006-2007) du Sénat : ICI
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : DICOD / YLE / Bruxelles2 / 3B Conseils
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mardi 23 septembre 2008
Le Pentagone s’oppose à l’EPA sur le nettoyage de ses bases
WASHINGTON (Etats-Unis) – 23/09/2008 – 3B Conseils – Le Washington Post a révélé que le 18 septembre 2008, lors d’une audition au Sénat, plusieurs « responsables américains de l’environnement » ont formulé des plaintes face aux « menaces et représailles » du Pentagone.
En effet, le directeur du Comité à l’environnement des États américains, Steve Brown, a expliqué que « plusieurs États [Californie, Colorado, Alabama, Ohio et une douzaine d’autres] ayant essayé de contraindre le Pentagone à dépolluer des sites militaires pollués » ont vu le « département à la Défense (…) réduire, voire supprimer, les allocations fédérales (…) qui leur étaient dues ». L’Alabama, par exemple, avait ordonné à l’armée de nettoyer le Camp Sibert, une ancienne école d'armes chimiques, s’étendant sur 150 km² et fonctionnant de 1942 à 1946, après qu’une étude l’ait classé parmi les pires sites militaires du fait des risques liés aux armes non explosées. Peu après, le Pentagone suspendait l’argent alloué à l’Etat jusqu’à ce qu’il ait retiré son ordre de nettoyage.
Par ailleurs, le Pentagone refuse de suivre les ordres de l'Agence pour la Protection de l'Environnement (Environmental Protection Agency – EPA) qui l’adjoint de nettoyer trois bases militaires présentant des dangers « imminents et importants » pour la santé publique et l’environnement : Fort Meade dans le Maryland (20.51 km²), Fort McGuire dans le New Jersey (base de l’armée de l’air de 15km²) et Tyndall Air Force Base en Floride. L’institution militaire a également refusé de signer les accords exigés par la loi et qui couvrent 11 autres emplacements militaires de la « Superfund list » (nom communément utilisé pour le Comprehensive Environmental Response, Contamination and Liability Act) des lieus les plus pollués du pays (liste : ICI).
L'EPA ne poursuivra pas le Pentagone comme il l’aurait fait avec un pollueur privé. Bien que la loi donne lui donne la prééminence dans ce type de conflit entre agences fédérales. Le Pentagone, trouve les plans de nettoyage de l’EPA trop « excessifs » et refuse de reconnaitre sa prééminence et a demandé au département de justice et à la Maison Blanche d’intervenir dans le conflit.
Le Pentagone est le plus gros pollueur du pays. Sur les 1255 sites de la Superfund list, 129 lui appartiennent ce qui en fait l’entité la plus représentée. Le Congrès alloue une enveloppe annuelle de quelque 30 millions de dollars pour dédommager les États hébergeant des sites militaires pollués.
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : DICOD / Washington Post / 3B Conseils
Photo : Décontamination au Camp Sibert
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lundi 22 septembre 2008
Liban/ Israël : quels dédommagements pour les crimes environnementaux en temps de guerre ?
BEYROUTH (Liban) – 22/09/2008 – 3B Conseils - Selon le quotidien libanais "Al-Akhbar" (proche du Hezbollah) l'ONU, par l’intermédiaire de son secrétaire général, va exiger d'Israël "d'endosser l'entière responsabilité des dégâts écologiques causés à des infrastructures lors de la Deuxième guerre du Liban, et payer 1 milliard de dollars de dommages et intérêts" au Liban. Ban Ki-Moon devrait présenter un rapport en ce sens à l’Assemblée générale à la fin du mois.
En juillet 2006, le bombardement de la centrale électrique libanaise de Jieh, à 30 kilomètres au sud de Beyrouth, par l’aviation israélienne avait provoqué une marée noire (Photo : ICI). Près de 600 000 tonnes d’huile lourde avaient brulé pendant deux jours. Le CEDRE rappelle que le stockage d’hydrocarbures de la centrale comprenait cinq cuves renfermant un total de 75 000 m3 de fioul lourd. Le 13 juillet, une première cuve de 15 000 m3 était touchée par un missile et prenait feu. Les pompiers élevèrent des merlons de sable pour contenir l’incendie. Le 15 juillet, une deuxième cuve, de même capacité, était aussi bombardée et détruite. Il est impossible d’établir avec précision le bilan des volumes de fioul brûlé, de fioul infiltré et de fioul déversé en mer ; ce dernier varie, selon les estimations, entre 7 000 et 15 000 m3. Le pétrole a contaminé les deux tiers des côtes libanaises et dans une moindre mesure syriennes, sur une distance de 150 kilomètres (dont le port historique de Byblos classé patrimoine mondial de l’humanité). Aujourd’hui encore, c’est surtout le devenir des déchets récupérés qui préoccupe les autorités libanaises et les besoins financiers pour poursuivre le nettoyage des sites.
Le conflit israélo-libanais qui opposait le Hezbollah d’Hassan Nasrallah, et dans une moindre mesure l’armée libanaise, à l’armée israélienne a éclaté le 12 juillet 2006. Israël lançait alors l’opération « Juste Rétribution » renommée ensuite « Changement de Direction » qui s’étendait sur tout le Liban sauf le Chouf, bastion traditionnel des druzes. L’objectif d’Israël était d’éradiquer les implantations du Hezbollah qui menaçaient le territoire israélien par ses missiles. La guerre prit fin avec la résolution 1701 de l’ONU le 15 août 2006. Le gouvernement libanais estime que 32 points vitaux ont été pris pour cibles par les attaques israéliennes : 109 ponts, 137 routes et 137 usines. Par ailleurs, le Liban souffre toujours de la présence de munitions non explosées. L’artillerie israélienne et l’aviation auraient largué près de 4 millions de bombes dans le Sud Liban, et près d'un million de BASM (Bombe A Sous Munitions) sur le Liban, 40% n'ayant pas explosé à l'impact.... Aujourd’hui, l’ONU déplore un manque de financement des opérations de déminage et plusieurs des 44 équipes de déminage pourraient bientôt cesser de fonctionner. 4,7 millions de dollars manquaient déjà au budget 2008. Depuis 2006, 43% des zones contaminées ont été nettoyées. Le problème du financement est doublé à celui du refus d'Israël de communiquer la localisation des sites.
Israël avait ignoré les demandes de l’ONU faites en août 2007 pour compenser le Liban. Elle risque de ne pas accéder à cette nouvelle demande qui créerait, en outre, un précédent juridique en matière de pénalisation de crime environnemental en période de guerre.
Pour en savoir plus : présentation de Luigi Alcaro de l’ICRAM le 30 mai 2008 lors de la deuxième conférence « Défense et Environnement : une nouvelle manière de penser » : ICI. Présentation par le CEDRE (Centre de documentation de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) du travail de dépollution au Liban : ICI.
Rapport du PNUE « Lebanon Post-Conflict Environmental Assessment » : ICI.
Pour rappel, la troisième conférence « Défense et Environnement : une nouvelle manière de penser » aura lieu le 13 mars 2009 avec pour thématique : « Bilan et perspectives : la place du droit de l’environnement dans la réflexion stratégique européenne de défense“.
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : Haaretz / Daily Star / CEDRE / Ministère de l’Environnement libanais / AFP / 3B Conseils
Photo : Centrale électrique de Jieh,
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