HELSINKI (Finlande) – 24/09/2008 – 3B Conseils - Le ministre de la défense finlandais, Juhani Kaskeala, a indiqué lundi, lors d’un séminaire de Défense à Helsinki, sa réticence à signer le traité d’interdiction des bombes à sous-munitions (BASM). La signature de ce traité international affaiblirait selon lui de manière significative la défense du pays.
La Finlande possède 1200km de frontière avec la Russie et justifie sa position par des raisons à la fois stratégiques, budgétaires et tactiques. Le blog Bruxelle2 rappelle que d’un point de vue stratégique la Finlande « ne fait pas partie de l'Alliance militaire atlantique [et] revendique une "neutralité active [qui] s'appuie (...) sur une armée moderne et active ». « La bombe à sous-munition a un très grand rôle dans la crédibilité, l’autonomie et la prévention de la défense finlandaise » a affirmé Jyri Häkämies. D’un point de vue budgétaire l'équipement en BASM a coûté près de 30 millions d'euros. Les détruire reviendrait à 7-8 millions d'euros. Sur un plan tactique, il n'y a pas actuellement "d'alternative possible", de moyens de substitution, à court terme (avant 5 ou 10 ans). Sauf à recourir aux armes intelligentes or l’armée finlandaise n'en a ni les moyens ni le budget.
Comme nous vous le rappelions le 26 août, une centaine de pays se sont ralliés en février 2007 à une interdiction des BASM qui pourrait être prononcée à Oslo en décembre prochain suite à la signature à Dublin, le 29 mai 2008, du texte de compromis. Parmi ces 107 États, on compte 13 des 26 pays contaminés par des bombes à sous-munitions, 38 des 78 pays qui stockent des bombes à sous-munitions, 17 des 34 pays qui ont produit des bombes à sous-munitions, 7 des 14 pays qui ont utilisé des bombes à sous-munitions. Lorsqu’il entrera en vigueur, ce traité deviendra un instrument international juridiquement contraignant qui interdit l’utilisation, la production, le stockage et le transfert des armes à sous-munitions et qui oblige les États parties à nettoyer les zones contaminées et à fournir de l’assistance aux personnes et aux communautés touchées par l’emploi des armes à sous-munitions.
Il semble très difficile d’interdire l’utilisation de ce type d’armes. D’une part parce que les principaux pays producteurs et utilisateurs de sous-munitions (Etats-Unis, Russie, Chine, Corée du nord, Inde, Iran, Israël, Pakistan) sont fréquemment absents des discussions. D’autres part, parce que de grands Etats de droit y trouvent une utilité. Prenons l’exemple des mines antipersonnel. La Finlande avait déjà refusé de signer la convention sur l'interdiction des mines antipersonnel de 1998 aussi appelée Convention d’Ottawa (liste des Etats non signataires ICI). Cette décision semble se justifier par le besoin de surveiller de grandes zones ou de longues frontières et le manque d’hommes pour le faire. Le pays s'était justement équipée en bombes à sous munitions pour remplacer les mines anti-personnel.
Le gouvernement finlandais doit préciser sa position cet automne avant l'approbation finale du Traité. La Finlande préside actuellement l'OSCE dont l'assemblée parlementaire s'est prononcée en faveur de l’interdiction de ce type d’arme...
Pour en savoir plus : intervention du Général Bertrand Binnendijk lors de la conférence «Défense et Environnement : une nouvelle manière de penser » le 30 mai 2008 : ICI. Emission "Les enjeux internationaux" de Thierry Garcin le 19 mai 2008 sur les bombes à sous munitions : ICI
Les armes à sous munitions, rapport d'information n° 118 (2006-2007) du Sénat : ICI
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : DICOD / YLE / Bruxelles2 / 3B Conseils
mercredi 24 septembre 2008
Isolement finlandais sur l’interdiction des BASM
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