OTTAWA (Canada) / Arctique - 10/06/2010 – 3B Conseils - Nous évoquions ici il y a deux jours, les priorités du gouvernement norvégien pour le Grand Nord et les enjeux de la gouvernance et du développement durable de l’espace Arctique dans un contexte de changement climatique.
On sait que chacun des cinq pays de la zone arctique (Canada, le Danemark, les États-Unis, la Norvège et la Russie) a des revendications empiétant sur le territoire d'un autre, dans une région qui pourrait receler des réserves de 90 milliards de barils de pétrole. De même, l’approche sur le statut juridique des eaux de l’Arctique diffère selon les États puisque si la Norvège (et l’Union européenne) et les États-Unis considèrent qu’il s’agit de détroits maritimes, le Canada et la Russie l’appréhende sous l’aspect d’eaux intérieures.
Ces différentes postures est naturellement a rapprocher de l’annonce faite par le gouvernement canadien, le 3 juin 2010, sur sa nouvelle stratégie en matière de construction navale et de développement de sa flotte (*).
Un plan d’envergure sur trente ans doté d’une enveloppe budgétaire de 35 milliards de dollars canadiens (plus de 27 milliards d'euros) avec la réalisation de 28 grands navires (pour 33 milliards de dollars) et 116 petites unités pour une valeur de 2 milliards de dollars.
Outre son aspect industriel et social (la relance des chantiers navals canadiens) il s’agit également pour le Canada d‘affirmer ses ambitions et sa nouvelle stratégie de défense nationale, baptisée « Le Canada d'abord », pour répondre aux évolutions du contexte géostratégique.
Pour le ministre de la Défense, Peter MacKay : « Cette relation stratégique avec des responsables de chantiers navals canadiens nous aidera à remplir notre engagement relatif à la Stratégie de défense Le Canada d'abord et nous permettra de fournir à notre marine les navires modernes dont cette dernière a besoin pour protéger les intérêts du Canada, et ce, au pays et à l'étranger (…). Nous devons assurer la sécurité de nos concitoyens, défendre notre souveraineté et faire en sorte que le Canada regagne, sur la scène internationale, sa crédibilité et son influence. »
Parmi les missions « essentielles » dévolues à l'armée canadienne figure « des opérations quotidiennes nationales et continentales, y compris dans l'Arctique et par l'entremise du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) ».
La mention faite à l'Arctique n'est évidemment pas un hasard compte tenu des conflits de souveraineté qui s'y développent, en raison des convoitises suscitées par les ressources naturelles de cette région.
Dans le document présentant la nouvelle stratégie de défense, il est d'ailleurs très clairement fait référence aux « tentatives de mainmise étrangère sur les ressources naturelles du Canada ».
Le gouvernement a, dans cette optique, annoncé la construction d'une base navale à Nanisivik, dans le passage du Nord-ouest, bientôt libéré par les glaces et où devrait se développer le trafic commercial. L'infrastructure, dont le chantier doit débuter d'ici 2011 (pour un achèvement en 2013) servira au soutien des navires de la marine et de la Garde-côtière chargés de la surveillance de cette zone sensible, dont la juridiction est contestée au Canada par différents pays, dont les États-Unis.
Concernant les unités de combat, la stratégie de défense prévoit l'acquisition de 15 navires (pour remplacer les 3 destroyers lance-missiles du type Iroquois et les 12 frégates du type City.) pour entrer en flotte à partir de 2015.
Concernant la Garde-côtière, le gros des moyens canadiens sera également renouvelé. Seront notamment construits 6 à 8 Arctic Offshore Patrol Ship (AOPS), destinés à permettre à Ottawa de faire valoir sa souveraineté sur les territoires maritimes de l'Arctique.
Dans cette nouvelle nouvelle configuration géostratégique qui se profile dans la zone arctique, le Sommet de l’environnement de l'Atlantique du Nord-Est, qui aura lieu à Bergen en Norvège, du 20 au 24 septembre 2010 ne manquera pas d’aborder les enjeux considérables sur la région en notamment :
- la richesse et la valeur de notre environnement marin,
- l'importance d'équilibrer les usages par l’homme et la santé écologique des océans
- la pertinence de la coopération politique à l’échelle des bassins maritimes.
La zone maritime d'OSPAR s’étend en effet jusqu’au Pôle Nord couvrant une portion des eaux arctiques. Les ministres de l’Arctique de l’OSPAR se concentreront sur les impacts potentiels de la navigation maritime en pleine croissance, en raison du recul prévu des glaces de mer arctiques qui influenceront la navigation et les routes maritimes à l'avenir.
Les impacts de la navigation maritime dans les eaux froides arctiques sont potentiellement plus grands que dans les eaux plus chaudes et pourraient s'ajouter aux pressions sur les espèces arctiques qui sont accoutumées à un environnement froid et qui dépendent de la glace de mer.
Une protection supplémentaire, par exemple pour les animaux en période d'élevage, de repos au cours de leur migration, et d’hivernage peut être nécessaire. Le travail sous-jacent au bilan de santé 2010 d’OSPAR (QSR 2010) indique déjà, par exemple, que les populations d’oiseaux marins dans les eaux arctiques font l’objet de pression importante, probablement en raison des changements dans leurs approvisionnements en nourriture.
(*)La flotte canadienne compte actuellement une trentaine de bâtiments de combat (dont quatre sous-marins) servis par environ 15.000 hommes et femmes. A cela s'ajoutent 40 hélicoptères (CH-149 Cormoran et CH-124 Sea King et CH-148 Cyclone) et une vingtaine d'avions de patrouille maritime (CP-140 Aurora, CP-140 Arcturus et C-130 Hercules). La Garde-côtière, forte de 2400 marins, compte quant à elle quelques 114 unités, dont 15 brise-glace. Son parc aérien comprend 22 hélicoptères.
Article RH 3B Conseils
Sources : Mer et Marine / OSPAR
Crédit photo Marine canadienne
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