France - 6/7/2009 - 3B Conseils - Pour la première fois depuis le lancement du programme nucléaire militaire français, en 1958, la presse a pénétré dans les usines de production de matières fissiles de Pierrelatte et de Marcoule (Gard), vendredi 3 juillet. Leurs portes se sont ouvertes sur des hangars presque vides : les installations militaires sont en voie de démantèlement.
Cette opération de communication fait partie de ces "actes concrets" par lesquels Paris entend, selon l'Elysée, "témoigner de son engagement au service du désarmement" et "marquer sa volonté de transparence". Pour Antoine Beaussant, membre de l'état-major particulier de Nicolas Sarkozy, "c'est la première fois qu'un Etat doté d'armes nucléaires consent à un tel geste".
L'initiative avait été annoncée par M. Sarkozy le 21 mars 2008 à Cherbourg, dans un discours sur la politique de défense. Dans le cadre de la dissuasion - qui reste "la garantie ultime" -, la France "a aujourd'hui un bilan exemplaire, et unique au monde, en matière de désarmement nucléaire", avait-il affirmé. Il avait mentionné notamment "la ratification, avec le Royaume-Uni, du traité d'interdiction complète des essais nucléaires" et "la fermeture des installations de production de matière fissiles à des fins explosives". Le volume des stocks a été jugé suffisant pour arrêter cette production sans compromettre l'arsenal, fixé à 300 têtes nucléaires.
La cessation d'activité des installations a été décidée en 1996. Mais le trouble provoqué par la décision prise, l'année précédente, par le président Jacques Chirac, de procéder à d'ultimes essais nucléaires, a convaincu le gouvernement d'attendre avant de jouer la transparence. Les ambassadeurs de la conférence du désarmement de l'ONU ont été les premiers visiteurs, en septembre 2008, suivis des experts internationaux et des ONG en mars.
L'usine d'enrichissement d'uranium de Pierrelatte sera démantelée en 2010. Pour celle de Marcoule, consacrée au retraitement des combustibles, l'opération finira plus tard. Le temps que la radioactivité résiduelle des réacteurs, dans lesquels se trouve du graphite irradié, diminue. Mais aussi que soit mis en service, à partir de 2025 seulement, le site de stockage national en profondeur. Du coeur des réacteurs, aux centaines de kilomètres de tuyauterie contaminée, 47 000 tonnes de déchets seront évacuées. Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) prévoit que le programme sera achevé en 2040. Coût total : 6 milliards d'euros. La gestion de ces déchets nécessite de les recenser et d'en prévoir les tonnages à traiter en fonction de leur dangerosité.
Le tout nouvel inventaire national des déchets radioactifs vient de sortir. Établi tous les trois ans par l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra), il répertorie (à la fin 2007), 1,15 million de tonnes de ces produits répartis sur 1 121 sites en France. Les ingénieurs de l'Andra ont calculé que d'ici à 2030, ce volume aura pratiquement doublé, atteignant 2,25 millions de tonnes. Des prévisions importantes puisque la grande majorité des déchets radioactifs doit être stockée le temps qu'ils deviennent inoffensifs.
Tous ces déchets proviennent à 62 % de l'industrie électronucléaire (les centrales nucléaires principalement), à 17 % des laboratoires de recherche, à 17 % des militaires, à 3 % d'industries non nucléaires et à 1 % du secteur médical. Mais les déchets radioactifs sont très divers et demandent des traitements bien différents.
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Sur la base d'actions "mesurables", la France espère ainsi convaincre d'autres États de la suivre, avec l'Union européenne, sur la négociation d'un traité d'interdiction de la production des matières fissiles pour les armes nucléaires.
Deux échéances majeures se présentent : le renouvellement du traité sur le désarmement entre les Etats-Unis et la Russie, en décembre, et la conférence sur le Traité de non-prolifération, en mai 2010. "Ne soyons pas naïfs, la base même de la sécurité collective et du désarmement, c'est la réciprocité", a dit M. Sarkozy à Cherbourg.
Les négociations entre Russes et Américains sur l'avenir des accords Start 1
D’intenses négociations sont réalisées entre Moscou et Washington concernant la limitation bilatérale du nombre de têtes nucléaires et de lanceurs. Lors de leur première rencontre, en avril, à Londres en marge du G8, les deux présidents avaient annoncé leur intention de remplacer le traité START-1 qui prend fin le 5 décembre 2009. Mais selon Kommersant, “Russes et Américains n’arrivent toujours pas à s’entendre sur l’ampleur et les modalités de réduction des arsenaux nucléaires”. Le journal moscovite craint que, si les divergences persistent, les négociations du 6 juillet aboutiront à un accord banal sans obligation. Le problème est d’autant plus compliqué que Moscou lie le futur accord sur les armes stratégiques au plan américain de déploiement de bouclier antimissile en Europe auquel elle s’oppose vigoureusement.
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Article : FRi 3B Conseils
Source : Le Monde / / Observatoire des armes nucléaires françaises / Le Figaro / Courrier international / 3B Conseils
Photo : Wikipedia
lundi 6 juillet 2009
Les installations militaires françaises de production de matières fissiles en voie de démantèlement
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