Ottawa (Canada) - 7/7/2009 - 3B Conseils - Un siècle après la conquête du capitaine Bernier, la flotte canadienne se déploie dans les eaux du Grand Nord pour faire pièce aux ambitions russes, américaines et danoises. Le 1er juillet 1909, l'explorateur canadien Joseph-Elzear Bernier prit possession de l'Arctique au nom du Canada, dans l'indifférence générale. Un siècle plus tard, Ottawa multiplie les gestes pour convaincre le monde que le Grand Nord et ses immenses richesses lui appartiennent.
«Le héros des mers glacées», a titré mardi en une le quotidien montréalais Le Devoir en hommage au capitaine Bernier. Il y a un siècle, ce navigateur québécois avait mené des expéditions dans le Grand Nord vers l'île Melville. Il déposa une plaque commémorative pour attester de la «prise de possession de l'archipel arctique pour le dominion du Canada». L'aventurier est ensuite tombé dans l'oubli. Ce n'est que depuis le début des années 2000 qu'Ottawa s'intéresse à l'Arctique. Le 1er juillet, jour de la fête nationale canadienne, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a rendu hommage à l'explorateur. «40 % de notre territoire sont dans l'Arctique (…) Nous n'avons jamais réalisé que nous étions une superpuissance de l'Arctique», a-t-il déclaré au National Post.
La marine canadienne multipliera cet été les patrouilles dans le Grand Nord. Un convoi de sept navires, menés par le brise-glace Terry Fox, doit quitter Terre-Neuve ces jours-ci pour le pôle Nord. Dans ces eaux glacées, Ottawa doit gérer des conflits territoriaux sur trois fronts : avec la Russie, les États-Unis et le Danemark.
Jaloux des richesses pétrolières et gazières du Grand Nord, les Russes ont intensifié ces derniers temps les incursions militaires et scientifiques dans l'Arctique. Le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, a déclaré au début juin : «Le savoir-faire de Gazprom nous permet de mener à bien des projets d'envergure dans cette région. Nous pouvons y exploiter des gisements.»
La course aux matières premières est un danger pour la région du Grand Nord. les Russes ne sont pas les seuls adversaires des Canadiens. Washington s'oppose à Ottawa pour le contrôle du pétrole dans la mer de Beaufort. Après plusieurs rodomontades, Canadiens et Danois discutent désormais à l'ONU de la frontière entre le Groenland et le Canada. Le chef de la marine canadienne, le vice-amiral Dean McFadden, a annoncé, lors de sa prise de fonction le 21 juin, que la marine se doterait d'une flotte de nouveaux brise-glace, jusqu'ici réservés à la garde côtière. Malgré la promesse gouvernementale de construire de nouveaux navires, la marine canadienne, contrairement à la marine russe, ne dispose d'aucun brise-glace nucléaire pouvant se rendre en Arctique par tout temps.
Professeur de droit international de l'University of British Columbia de Vancouver, Michael Byers dresse un constat plus sévère. Il explique : «Le contrôle du passage du Nord-Ouest ne s'est pas amélioré. La fonte accélérée des glaces permet à des douzaines de navires de traverser le passage chaque été. (…) Si le Canada n'intercepte pas ces bateaux, cela risque de créer un précédent.»
En marge des missions sécuritaires, le gouvernement de Stephen Harper s'intéresse désormais aux projets scientifiques. Le 11 juin, la loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques a unilatéralement étendu la limite des eaux arctiques canadiennes de 100 milles à 200 milles. La récente publication du premier atlas géologique de l'Arctique montre les prétentions canadiennes sur la zone. Parallèlement, Ottawa encourage le développement du Nunavut, le Grand Nord inuit.
Michael Byers conclut : «Le Canada doit mettre en place avec les autres pays des règles pour protéger l'environnement, empêcher le trafic de drogue et résoudre les différends sur les frontières maritimes (…). Une situation anarchique n'est dans l'intérêt de personne.»
Article : FRi 3B Conseils
Source : Le Figaro / RL - 3B Conseils
Photo : Le Figaro
lundi 6 juillet 2009
Ottawa se bat pour rester la superpuissance de l'Arctique
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