30/9/2009 - 3B Conseils - Avec ses deux coques et le cerf-volant qui le traîne, ce bâtiment militaire ne passera pas inaperçu. Pour l'instant, il ne s'agit que d'un concept, baptisé « Ecoship » (« navire écologique ») et présenté par la branche ingénierie de DCNS (ex-DCN, Direction des chantiers navals). Sa maquette fut l'une des vedettes de la Journée sciences navales, organisée par l'Ecole navale, près de Brest. « Pour nous, marins, qui sommes là pour défendre la mer, la protection de l'environnement est primordiale, a souligné l'amiral Pierre Soudan, commandant de l'Ecole navale. Les officiers que nous formons doivent prendre en compte l'éco-conception des navires.». DCNS a donc lancé une démarche d’éco-conception globale, dont l’Ecoship est le point d’orgue.
L'éco-conception ? Il s'agit de réfléchir, dès la conception d'un produit, à son impact sur l'environnement, et ce tout au long de son cycle de vie : fabrication, utilisation (pendant trente à quarante ans, pour les navires de la marine française), entretien et démantèlement. Les péripéties du « Clémenceau » ont montré l'importance de ce dernier point... DCNS semble signer là une première. « Je n'ai pas trouvé de réflexion aussi avancée dans d'autres marines étrangères », avance Richard Matez, expert pour la protection de l'environnement dans les navires militaires à la DET (Direction de l'expertise technique), de la DGA (Délégation générale pour l'armement).
Navire de demain, l’Ecoship a pour objectif de réduire de moitié l’impact environnemental d’un navire militaire de référence. Mais ce n’est pas tout. L’amortissement du surcoût engendré ne doit pas excéder cinq ans. " Au final, le bilan fait apparaître un gain de 57 % de l’impact environnemental global, et une réduction de la consommation de gazole de 50 %, ce qui permet l’amortissement sur 5 ans des surcoûts liés à l’écoconception ", affirme Philippe Goubaut, architecte d'ensemble pour les bâtiments de surface chez DCNS Ingénierie. Bien sûr, ce navire n’est à l’heure actuelle qu’un concept, mais quelques solutions retenues pour la mise en œuvre d’Ecoship sont déjà appliquées dans des programmes en cours, notamment en ce qui concerne l’optimisation de la consommation et du rendement, le respect des normes en matière de rejets et de déchets et la traçabilité des matériaux entre autres.
Une des particularités du travail réalisé par DCNS pour ce projet est la prise en compte de l’impact environnemental à un niveau global. Ainsi, le groupe de recherche a fait le bilan complet de l’impact environnemental du navire vert sur toute sa vie, jusqu’à prendre en compte l’énergie nécessaire pour produire les matériaux mis en œuvre dans la réalisation de ce bâtiment. Yves Pierson, responsable avant-projet chez DCNS Ingénierie, affirme ainsi que " cette démarche est en avance sur les pratiques actuelle d’autres secteurs du transport, qui ne s’attachent qu’au bilan carbone de leur activité. "
L'éco-conception n'est en effet pas, aux yeux de DCNS, une simple étude. Au sein de l'industriel, on assure que la plupart des mesures imaginées « sont réalisables aujourd'hui, sans développement particulier. Il fallait simplement penser à les appliquer et les intégrer dès la conception. C'est une recherche d'économies plus ou moins importantes qui, mises bout à bout, font qu'il est aujourd'hui possible de faire des bateaux ayant beaucoup moins d'impact sur l'environnement, sans pour autant être plus chers. La démarche d'éco-conception est d'ores et déjà intégrée dans nos projets et constitue un acte fondateur de ce que seront les navires du futur ».
Au niveau de la conception de l'Ecoship, quatre axes de recherche ont permis d’aboutir au résultat actuel :
* Optimisation du flotteur : forme de la carène et matériau structurel
* Optimisation hydro et aérodynamique
* Energies propres
* Optimisation énergétique
Au niveau de la carène, des études ont été menées pour évaluer la puissance propulsive nécessaire, selon les modèles choisis. Ainsi, c'est un système de propulsion hybride diesel/électrique qui a été retenu, les moteurs électriques pour le fonctionnement jusqu'à 11 noeuds puis des moteurs diesels semi-rapides prennent le relai. Au final, un monocoque nécessite une puissance supplémentaire d’environ 20 % par rapport au catamaran pour une vitesse de propulsion équivalente. La composition de la coque tout comme son revêtement sont également le fruit de réflexions prenant en compte le cycle de vie complet du bateau.
Enfin, l'optimisation énergétique a été poussée au maximum grâce à l'utilisation de panneaux solaires, d'un système de ventilation double flux et à la voile propulsive. Tout cela réduisant d'autant la consommation en carburant du navire.
A l'origine, le projet Ecoship est destiné à concourir pour le programme BIS (Bâtiment d'Intervention et de Souveraineté) visant à remplacer les BATRAL (BAtiments de TRAnsport Léger) de la Marine Nationale. Toutefois, ce concept va également servir de base pour le segment bâtiment-mère du démonstrateur ESPADON. Si ces deux projets aboutissent, cela engendrerait une homogénéisation d'une partie de la Flotte, et donc des économies supplémentaires sur le MCO (Maintien en Condition Opérationnel).
Article : FRi 3B Conseils
Source : Le portail des sous-marins / Mer et Marine / techniques-ingenieur.fr / Les Echos / RL - 3B Conseils
Photo : Mer et Marine - L'Ecoship de DCNS
mercredi 30 septembre 2009
« Ecoship », le navire militaire qui défend la mer
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