Ottawa (Canada) - 18/8/2009 - 3B Conseils - Stephen Harper revisite l'Arctique canadien dans ce qui s'installe désormais comme une destination estivale régulière pour le premier ministre. Les images télévisées se concentreront inévitablement sur les manœuvres militaires en cours, au profit si possible de la Défense nationale qui réclame depuis des années un équipement militaire qui se fait attendre. Le premier ministre conservateur se rendra notamment à Iqaluit, Yellowknife et Whitehorse. Le point culminant de son voyage est sa présence sur la frégate NCSM Toronto et sur le sous-marin NCSM Corner Brook lors d'un exercice de guerre anti-sous-marin. Il faut préciser que dans cet archipel, des sous-marins russes et américains rôdent depuis un certain temps.
Les conservateurs insistent depuis leur arrivée au pouvoir sur l'importance d'une présence armée accrue du pays dans le Grand Nord, et cette insistance a retardé une essentielle prise de conscience sur les enjeux régionaux. Tout semble indiquer pourtant qu'à force d'entendre des commentaires critiques sur sa politique, le gouvernement ait fini par comprendre que la souveraineté du Canada sur l'Arctique n'est pas une simple question de sous-marins, de brise-glaces ou d'hélicoptères.
La nouvelle Stratégie pour le Nord publiée le mois dernier a l'avantage de reléguer certains mythes aux oubliettes. En effet, le document donne l'heure juste : personne ne conteste la souveraineté du Canada sur les terres et les îles, hormis le cas de l'île de Hans réclamée par le Danemark et que les deux pays ont confié à la filière diplomatique.
L'île Hans est située dans le détroit de Nares entre l'île d'Ellesmere (la plus au nord du Nunavut) au Canada et le Groenland. En 1973, le Canada et le Danemark ont négocié et ratifié un traité de délimitation en vigueur depuis 1974. Le drapeau danois a été planté sur l'île en 1984, 1988, 1995 et 2003. Le Canada a protesté à chaque fois. En septembre 2005, les ministres des affaires étrangères des deux pays ont publié une déclaration conjointe, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, affirmant : « nous continuerons d'unir nos efforts pour trouver une solution à long terme au différend au sujet de l'île Hans.»
Le Canada et le Danemark se sont disputés au sujet du contrôle de l'île Hans, mais les deux pays ont récemment commencé à forger des liens militaires plus serrés. Le mois dernier, un avion des Forces armées danoises a visité plusieurs bandes d'atterrissage en gravier dans des avant-postes canadiens dans le Haut-Arctique. L'opération n'a pas été abondamment rapportée par les médias, mais elle s'inscrivait, selon un communiqué de presse danois, dans le cadre de préparations pour une éventuelle collaboration avec le Canada. Selon Rob Huebert, de l'université de Calgary, des commandants militaires des deux pays se seraient rencontrés pour discuter de terrains d'entente et de coopération, plus particulièrement de missions de recherche et de sauvetage dans le Nord. Enfin, l'hiver dernier en Islande, le chef d'état-major de la Défense, Walter Natynczyk, avait rencontré son homologue danois lors d'une conférence sur l'Arctique.
Quant aux incursions russes réelles ou rêvées, il n'y a pas là de quoi fouetter un chat. Que deux avions moscovites s'approchent des frontières canadiennes, au nord, ou deux sous-marins naviguent au large des eaux territoriales, dans l'Atlantique, cela peut évidemment énerver l'État-major et, par ricochet, le ministre de la Défense, Peter MacKay. Mais dans le vrai monde de l'après-guerre froide, ces incidents n'ont aucune signification profonde, sinon que la Russie cherche à rétablir une présence internationale minimale malgré son retard économique.
Le risque existe toujours que le terme occupation du nord passe par des hommes et des femmes en uniforme. Toutefois, les véritables occupants des lieux, Inuits et Amérindiens, doivent faire partie du jeu, et non regarder les sudistes s'emparer du territoire et de ses richesses naturelles. Les diamants, le pétrole et le gaz naturel abondent dans l'Arctique, alors même que l'exploration et la cartographie scientifiques des lieux en sont toujours à leurs premiers balbutiements.
Outre le Canada, les États-Unis, la Russie, le Danemark et la Norvège se disputent la souveraineté de l'Arctique, qui recèlerait d'énormes ressources naturelles. Pour qu'un pays puisse exercer ses droits pour l'exploitation des ressources naturelles dans l'Arctique, il faut qu'il fasse la preuve que ce territoire est l'extension naturelle de son plateau continental.
Mais dans sa quête pour assurer la souveraineté canadienne en Arctique, Stephen Harper ne devrait pas miser sur l'option militaire, lui ont rappelé des observateurs, alors que le premier ministre amorçait une visite au Nunavut.
Une organisation économique et culturelle du nord du pays a prié le gouvernement conservateur d'appliquer en totalité l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, affirmant que la meilleure façon de solidifier l'empreinte canadienne sur le Grand Nord passe par des communautés locales vivantes. Selon le vice-président de Nunavut Tunngavik Inc., James Eetoolook, l'importance actuellement accordée à une présence militaire ne tient pas compte de la réalité historique. Selon lui, le Nord s'est bâti notamment grâce au commerce, et sans les Inuits, le drapeau du Canada ne flotterait pas sur l'Arctique. L'entente de revendications territoriales, conclu en 1993, a mené à la création du territoire du Nunavut il y a 10 ans.
En vertu de cet accord, le nouveau gouvernement territorial se voyait confier la gestion de divers dossiers, notamment la faune, l'utilisation et le développement du territoire, et les taxes foncières. Dans un communiqué, M. Eetoolook a rappelé que cette entente faisait du Canada et du Nunavut des partenaires pour les années à venir. Mais le Nunavut a trop souvent l'impression de jouer le rôle de "partenaire oublié ou même invisible", a-t-il aussi déploré.
Article : FRi 3B Conseils
Source : Radio Canada / Wikipedia / The Canadian Press / L'express / Cyberpresse.ca / Premier ministre du Canada / 3B Conseils
Photo : Le Premier ministre canadien Stephen Harper, entouré d'un garde-côte et du ministre de l'environnement John Baird, examinent une carte du cercle polaire, à bord du navire Nahidik - Reuters/Todd Korol
mardi 18 août 2009
Canada : l'Arctique n'est pas qu'une simple question militaire
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