Edmonton (Canada) - 29/7/9 - 3B Conseils - Alors que le Danemark vient de s'ajouter au groupe des nations ayant fait part de leurs intentions de renforcer leur présence militaire dans l'Arctique, des experts craignent que cette escalade augmente les risques de conflit dans la région.
En août 2007, une expédition danoise faisait route vers l’Arctique afin de cartographier les fonds marins au nord du Groenland, une mission scientifique qui a permis au Danemark de se mettre sur les rangs pour revendiquer sa part des richesses du Grand Nord. Embarqués sur le brise-glace suédois Oden, 45 chercheurs ont pendant cinq semaines passer au crible les fonds marins compris entre les latitudes 83° et 87° Nord, a-t-on appris auprès du ministère danois des Sciences, de la Technologie et du Développement. Leur travail visait à déterminer si la dorsale de Lomonossov, une chaîne de montagnes sous-marines qui s’étend du Groenland à la Sibérie, est une extension du Groenland, territoire danois autonome, ce qui pouvait permettre au Danemark de revendiquer une région potentiellement riche en hydrocarbures. "Pour le Danemark, les îles Féroé (autre territoire danois) et le Groenland, il y a cinq régions intéressantes (susceptibles de faire l’objet de revendications), dont le pôle Nord lui-même", écrit le ministère danois sur son site internet.
La Russie revendique déjà une grande partie de cette région depuis six ans, estimant que la structure de Lomonossov est une extension de la Sibérie. Le 2 août, une expédition russe avait de manière spectaculaire planté un drapeau russe en titane à plus de 400 mètres sous le pôle Nord, à l’aide de deux submersibles, au terme d’une expédition symbolique et critiquée qui a relancé les convoitises des pays voisins.
"La question est de savoir si ces gestes, qui reposent sur une espèce de méfiance et la crainte quant à ses propres possessions, peuvent s'accumuler de façon à mener à un Arctique conflictuel", a affirmé Franklyn Griffiths, auteur et professeur à la retraite de l'Université de Toronto. "C'est inquiétant", a-t-il ajouté.
La semaine dernière, le Danemark a rendu public un exposé de position laissant prévoir d'importantes améliorations aux capacités nordiques du pays.
Dans le document, Copenhague avance qu'il devrait mettre sur pied une force militaire combinant des actifs de l'armée de terre, de la marine et de l'aviation, avec des hélicoptères en mesure de transporter des troupes à tout endroit. Des avions de combat danois pourraient effectuer des patrouilles dans l'espace aérien groenlandais.
Les systèmes de surveillance devraient être modernisés et les navires de surveillance, remplacés. Une nouvelle structure de commandement devrait en outre être mise en place dans la région.
"Le réchauffement de la planète devrait faire fondre (la glace marine) et cela donnerait lieu à une activité accrue dans la région de l'Arctique", a indiqué le brigadier-général Joergen Jacobsen, attaché militaire du Danemark au Canada.
Le Danemark n'est pas le seul pays intéressé par l'Arctique. La Russie a annoncé avoir l'intention de créer une unité de forces spéciales pour l'Arctique. Elle s'est également lancée dans un ambitieux programme de brise-glaces, a promis de moderniser sa flotte nordique et a envoyé des bombardiers à grand rayon d'action jusqu'aux limites aériennes de plusieurs des pays de l'Arctique.
L'an dernier, la Norvège a choisi d'acheter 48 avions de chasse Lockheed F-35 en partie parce qu'ils sont adaptés aux missions dans l'Arctique.
Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a minimisé les risques de conflit dans la région. "Je ne crois pas que nous devrions parler d'affrontement, a-t-il déclaré. En fait, ce n'est pas ce que nous voulons faire, pas plus que ne le veulent les autres partenaires et membres du Conseil de l'Arctique."
La stratégie du Canada dans l'Arctique a été présentée par trois ministres fédéraux dans un document intitulé Stratégie pour le Nord du Canada. Il regroupe une longue liste d'initiatives déjà annoncées au cours des dernières années par le gouvernement. Ces initiatives concernent entre autres l'exploration gazière ou pétrolifère, le respect de l'environnement, l'appui aux communautés inuites et autochtones du Grand Nord, la présence militaire, ou encore les recherches scientifiques pour définir les frontières disputées du Canada.
Par exemple, le document souligne l'annonce faite il y a deux ans du port en eaux profondes à Nanisivik, dans le nord de la terre de Baffin. Il parle également de la construction d'un nouveau brise-glace, annoncée l'an dernier. Des initiatives plus récentes sont également reprises, comme les 200 millions de dollars sur deux ans, qui serviront à améliorer l'accès aux logements sociaux. Cette mesure fait partie du budget fédéral 2009-2010.
Même si le document ne présente pas d'approche ou d'initiatives nouvelles, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, soutient qu'il sera un outil essentiel pour le gouvernement fédéral, afin notamment de répondre aux revendications de pays comme le Danemark, les États-Unis, la Norvège et la Russie, qui ont aussi des visées sur la région. « À chaque occasion que nous avons pour aller parler de l'Arctique, des choses que nous faisons en Arctique, nous le faisons maintenant à travers ce document, qui est, essentiellement, notre politique », dit-il.
Le Canada et les États-Unis tiendront d'ailleurs, dans quelques jours, une conférence de presse pour annoncer la tenue d'une expédition conjointe. Son objectif sera de mieux définir l'étendue du plateau continental de chaque pays et, par le fait même, leurs droits sur les ressources qui gisent dans les fonds de l'Arctique.
Le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, Chuck Strahl, et le ministre d'État aux Sciences et à la Technologie, Gary Goodyear, étaient également présents lors de la présentation de ce document.
Article : FRi 3B Conseils
Source : The Canadian Press / AFP / Centre d'Etudes des politiques étrangères et de sécurité (CEPES) / Radio Canada / GG - SLG - 3B Conseils
Photo : cyberpress.ca
mercredi 29 juillet 2009
La poudrière de l'Arctique
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1 commentaire:
Pour information, le 10 et 11 août 2009, une double conférence (restreinte et ouverte au public) portant sur la thématique d’une zone exempte d’armes nucléaires en Arctique se tiendra à Copenhague. Celle-ci est organisée par le mouvement Pugwash (groupe Danois), le Danish Institute for International Studies (http://www.diis.dk/sw80481.asp), l’Université de Copenhague et l’ONG Parlementaires pour la Non-prolifération Nucléaire et le Désarmement (PNND). Pour plus de renseignements voir le site : http://www.gsinstitute.org/pnnd/updates/23.html#6e ou contacter directement John Avery (membre du PNND et de Pugwash).
Quelques noms d’intervenants :
Hon Matt Robson, Former New Zealand Disarmament Minister, Cindy Vestergaard - Danish Institute for International Studies, Steven Staples, President - The Rideau Institute on International Affairs, Canada, Holger K. Nielsen du Parlement danois, …
En ce qui me concerne, je serais à cette conférence.
Cordialement,
Jean-Marie Collin
Consultant Défense
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