MANNAR (Sri-Lanka) -31/05/2011- 3B Conseils. Une équipe féminine de déminage s’efforce d'effacer les traces de la guerre civile qui a ravagé le pays pendant 26 ans et tente de réhabiliter ainsi les villages sri-lankais.
Retirer les milliers de mines abandonnées sur le théâtre du conflit opposant le gouvernement sri-lankais aux Tigres tamouls est un métier dangereux et exigeant pour ceux et celles qui ont pris la responsabilité de le faire.
L'équipe féminine de déminage du district de Mannar au nord du Sri Lanka lutte au quotidien dans une chaleur écrasante et dans la peur pour effacer de manière systématique toutes les traces de la guerre qui restent longtemps après la fin du conflit, officiellement déclarée en 2009. L'ensemble du territoire est pourtant loin d'être sécurisé aujourd’hui.
Les femmes sont partagées entre excitation, fierté et peur à chaque fois qu’elles trouvent une mine. La plupart d’entre elles prennent ce travail afin de pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. La guerre leur a souvent enlevé leur mari et elles sont alors devenues soutien de famille.
Elles ne procèdent pas au nettoyage des villages simplement parce que c’est leur travail mais aussi parce qu’elles se sentent profondément concernées. Elles ont toutes souffert de la guerre et perdue un membre de leur famille. Elles tiennent à finir ce travail pour que les gens puissent revenir des camps de réfugiés et retrouver leur ancienne vie, lorsque la paix régnait sur le pays.
Prenons l’exemple de Jalini, 30 ans. Elle se met au travail dans les rizières de la «région de Vanni, surnommée le « bol de riz », au nord du Sri Lanka. Mais au lieu de récolter du riz, elle part à la chasse aux mines, héritage meurtrier de la guerre civile. Son espace de travail était une rizière autrefois. Mais tant que les mines dissimulées dans le sol ne seront pas localisées et éliminées, la communauté du Thunnukai ne pourra pas cultiver ces terres. Une douzaine de mines ont déjà été trouvées dans ce seul lopin de terre et il en reste certainement encore plusieurs à localiser.
Un nombre inconnu de mines antipersonnel jonchent le sol d’une région autrefois florissante, menaçant des vies et les moyens de subsistance un peu partout dans le nord du Sri Lanka.
Pendant la guerre, des familles entières ont dû rejoindre des camps de réfugiés et ont vécu dans des conditions très difficiles. Des organismes comme l'organisation britannique HALO (qui emploie près de 8 000 démineurs dans neuf pays à travers le monde) travaillent dur pour déminer les alentours des villages afin que leurs habitants puissent à nouveau cultiver leurs terres et produire de la nourriture.
Saila Jan, 29 ans, mère de deux enfants, fait partie du nombre croissant de femmes sri-lankaises qui ont été recrutées et formées par le HALO Trust. Les femmes comme Saila travaillent aux côtés des hommes et jouissent du même statut. Elles aident à retirer les mines de centaines d'hectares de terres rizicoles.
L'extraction des mines à la main est un travail lent et laborieux. Il faut passer l’étendue à sécuriser au détecteur de métaux, mètre carré par mètre carré. Dès que l’on perçoit un bip sonore d’une certaine intensité, il faut fouiller la zone plus minutieusement en creusant la terre dure et desséchée.
La position de la mine est marquée par un triangle rouge en attendant le démineur qui l’extrait et sépare le détonateur de la charge.
Certaines mines antipersonnel peuvent être détruites en les brûlant, méthode improvisée par les agences de déminage qui ne sont pas autorisées à utiliser des explosifs pour ce faire au Sri Lanka.
Paskar, Un des superviseurs locaux, a travaillé pour HALO pendant huit ans et dit qu'il est heureux que les habitants soient employés chaque fois que cela est possible, car ils connaissent les lieux et peuvent lui fournir des informations importantes sur l'emplacement possible des mines. HALO a procédé à la destruction de plus de 16.000 mines en deux mois seulement.
Pendant la guerre, de nombreux hommes tamouls ont été enrôlés pour lutter contre l'armée sri-lankaise. Nombre d’entre eux ont été tués ou gravement blessés et beaucoup de familles dépendent des femmes maintenant. Ceux et celles qui travaillent au déminage gagnent l'équivalent de 190 $ par mois, revenu qui leur permet de vivre convenablement selon ces femmes.
Sudarsana, 20 ans, a travaillé sur ce projet depuis Décembre 2009. Elle avait dû quitter son domicile en raison des combats en Juillet 2008, et changer de refuge à plusieurs reprises avant d'être finalement évacuées par le CICR (Comité International de la Croix-Rouge) dans les dernières semaines du conflit en avril 2009. Cet emploi lui a permis de revenir dans son village.
Plus de 800 kilomètres carrés de terres cultivables ont pu être récupérés au nord du Sri Lanka. Saila pense que ce travail est important. Elle est heureuse de contribuer à rendre les villages plus sûrs pour les gens et d’avoir un revenu qui lui permette de faire vivre sa famille. Elle admet que ce travail est difficile mais elle l’accepte dans la mesure où cela aide sa famille. Elle souhaite que ses enfants aillent à l’école et puissent vivre en paix.
Article : MG 3B Conseils
Sources : TIME et Al Jazeera (vidéo)
Photos : Time /Russel Watkins / Department for International Development
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