jeudi 14 janvier 2010
Le Pentagone exclus des débats sur le climat ?
WASHINGTON (Etats-Unis) – 14/01/10 – 3B Conseils – En échos à notre précédent billet sur « les techniques de modifications environnementales exclus des débats sur le climat ». Nous vous proposons aujourd’hui un coup de projecteur sur la place du Pentagone dans les discussions de la conférence de Copenhague.
En effet, les pollutions du Pentagone et des activités de défense en général n’ont pas été évoquées, bénéficiant d’ailleurs d’une exemption générale dans tous les accords internationaux, ce qui n’était pourtant pas le cas à Kyoto. Explications :
Consommation ? Le 17 février 2007, le site Energy Bulletin publiait le détail de la consommation en pétrole du Pentagone (avions, bateaux, véhicules terrestres et installation) des chiffres qui en faisaient le premier consommateur de pétrole du monde. A l’époque :
- U.S. Navy = 285 navires de combat et de transport, 4 000 avions opérationnels.
- Armée de terre = 28 000 blindés, 140 000 véhicules tout-terrain, 4000 hélicoptères de combat, plusieurs centaines d’avions et 187 500 voitures fonctionnant tous à l’essence (hormis 80 sous-marins et porte-avions nucléaires).
Selon le classement présenté dans l’édition 2006 du CIA World Factbook, 35 pays affichent une consommation journalière de pétrole supérieure à celle du Pentagone. Officiellement, l’armée américaine consomme chaque jour 320 000 barils de pétrole (sans la consommation des entreprises travaillant sur mandat ni des installations louées ou privatisées). Selon Steve Kretzmann, directeur d’Oil Change International, "la guerre d’Irak a produit au moins 141 millions de tonnes équivalent dioxyde de carbone (MMTCO2e) entre mars 2003 et décembre 2007. (...) ».
Exemptions : Le Pentagone n’est pas concerné par les accords sur le climat. Lors des négociations sur l’accord de Kyoto, les Etats-Unis ont imposé une clause précisant que les opérations militaires qu’ils mèneraient dans le monde entier et celles auxquelles ils participeraient avec les Nations Unies ou l’OTAN seraient intégralement exemptées de toute obligation de mesure ou de réduction (l’accord n’a pas été signé pour autant). Dans un article publié le 18 mai 1998 et intitulé "National security and military policy issues involved in the Kyoto treaty", la position du Pentagone a été décrite par Jeffrey Salmon, qui cite le rapport annuel 1997 rendu au Congrès par le secrétaire à la Défense de l’époque, William Cohen : "Le Département de la Défense recommande vivement que les Etats-Unis insistent pour qu’une disposition de sécurité nationale soit inscrite dans le protocole sur le changement climatique actuellement en négociation" Bien que les Etats-Unis aient déjà reçu des garanties lors des négociations, le Congrès américain a adopté une disposition explicite assurant l’exemption totale pour les activités militaires américaines. Le 21 mai 1998, Inter Press Service annonçait : "Dernier coup porté aux efforts internationaux déployés pour freiner le réchauffement climatique, les législateurs américains ont établi aujourd’hui que les opérations militaires américaines ne seront pas soumise à l’accord de Kyoto, lequel contient des engagements contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Chambre des Représentants a adopté un amendement à la loi sur le budget militaire de l’année prochaine interdisant la restriction des forces armées dans le cadre du Protocole de Kyoto".
Johanna Peace, journaliste spécialisée dans les questions d’environnement, relève que les activités militaires ne seront pas non plus concernées par une décision du pouvoir exécutif signée par le président Barack Obama exigeant des agences fédérales qu’elles réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020. Pourtant, "la demande en énergie du gouvernement fédéral est à 80 % destinée à l’armée" (solveclimate.com, 1er septembre 2009
Divergences internes : Le Département de la Défense a pris pour habitude de résister à l’Agence de Protection de l’Environnement lorsqu’elle l’invite à assainir les bases américaines contaminées (Washington Post, 30 juin 2008). Les bases militaires du Pentagone, responsables de l’infiltration de substances dans les nappes aquifères et les sols, occupent la première place de la liste "Superfund" des sites les plus pollués. Le Pentagone a également torpillé les efforts fournis par l’agence pour instaurer de nouvelles normes concernant deux produits toxiques, dont les sites militaires sont imbibés : le perchlorate, qui entre dans la composition du propulseur utilisé pour les roquettes et les missiles, et le trichloréthylène, utilisé pour dégraisser les pièces métalliques. Ce dernier est le polluant de l’eau le plus répandu dans le pays, notamment en Californie, à New York, au Texas et en Floride.
Article : SLG 3B Conseils
Sources : IACenter.org / 3B Conseils
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