BAGDAD (Irak) – 28/10/2008 – 3B Conseils – Des forêts entières rasées, des rivières saturées de sel, l'eau contaminée, le sol couvert de mines et de déchets chimiques... "La guerre détruit l'environnement, pas seulement les gens. La guerre et ses effets ont provoqué des bouleversements du tissu social, économique et environnemental. La restauration du milieu naturel irakien prendra des siècles", affirme Narmine Othmane, ministre irakienne de l'Environnement (Kurde, membre de l'Union patriotique du Kurdistan), imputant à la pollution la plupart des maladies infectieuses et des cancers, dont le nombre est en augmentation. "Quand on parle environnement, on parle santé."
Les autorités irakiennes ont identifié 25 sites à assainir en priorité, moyennant plusieurs milliards de dollars, selon la ministre principalement d'anciennes usines d'armement. Pour le moment seuls l'usine chimique de Kadissia, dans le Sud, bombardée en 2003, et la fabrique d'engrais d'Al Souwaïra, au sud de Bagdad ont été nettoyés. Dix-sept millions d'arbres ont par ailleurs été plantés en 2008 (dix millions de plus qu'en 2007), pour compenser les campagnes de déboisement menées afin priver la guérilla de zones de repli. La guerre a, en revanche, permis la remise en eau d'une partie des marais du Sud, asséchés sous le règne de Saddam Hussein pour les besoins de l'agriculture et la défense de la zone frontalière de l'Iran. Composés de trois marais principaux - le hor (lac) Hawizé (à cheval sur la frontière avec l’Iran), le hor Hammar, au centre, et les marais de l’Euphrate - ces marais s’étendent au nord et à l’ouest de Basra, au sud d’Amara, autour du confluent de l’Euphrate et du Tigre, sur une superficie qui oscille, qui oscillait, entre 15.000 et 50.000 km2. Au moment de la chute du régime irakien en 2003, ces anciens "jardins de l'Éden" antiques, que Birdlife International a désigné comme Zone Importante pour la Conservation des oiseaux (ZICO) et zone endémique de premier ordre, ne couvraient plus que 760 km2. Avec l'aide de l'Onu et du Japon, 55% de cette zone humide baignée par les eaux du Tigre et de l'Euphrate ont pu retrouver leur état originel. Vingt-cinq millions de mines jonchent encore le territoire irakien, 105 sites sont contaminés par les armes chimiques et les munitions à l'uranium appauvri, l'état des égouts inquiète les pouvoirs public et 60% des réserves d'eau sont pollués, souligne la ministre."Je ne blâme pas le gouvernement d'avoir fait de la sécurité une priorité, parce que la sécurité est importante, mais l'environnement l'est également", ajoute-t-elle.
Le 1er mai 2003, les Etats-Unis ont déclaré la fin de la guerre en Irak. Pourtant, le constat est sans appel. Le pays est ravagé par les divisions inter et intra communautaires, le gouvernement central ne contrôle que la zone verte, la nation irakienne a disparu. Plus de 2 millions d’Irakiens ont quitté le pays, 3 millions ont été déplacés. Avec plus de 500 milliards de dollars dépensés, c’est la guerre la plus chère jamais menée. Certes, la sauvegarde de l’environnement n’est pas la principale préoccupation lorsque des vies humaines sont en danger, mais les retombées sont telles qu’une réflexion s’impose car les conséquences des actions militaires sur l’environnement sont parfois plus catastrophiques que les opérations de guerre : écosystèmes ravagés, infrastructures détruites, sols contaminés, cycles agricoles bouleversés, ce qui entraine des famines, des sécheresses, les déplacement des populations et la déstabilisation politique.
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : Le Point / Reuters / 3B Conseils
Photo : Décharge à Bassorah, dans le sud de l'Irak.
mardi 28 octobre 2008
Irak : Les dégâts environnementaux de la guerre
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire