PARIS (France) - 04/08/2010 - 3B Conseils - Nous évoquions ici dans l’article du blog du 28/07/2010 l’opération Atalante dans le domaine de la sécurité maritime et la lutte contre la piraterie dans l’océan Indien et le golfe d’Aden et l’arrivée prochaine sur zone de la Frégate De Grasse pour prendre, au large de la Somalie, le commandement de l’opération européenne Atalante.
Dans ce prolongement nous nous penchons aujourd’hui sur la mission parlementaire du député français Christian Ménard, désigné en juin dernier, par la commission de la Défense, pour réaliser un second rapport d’information pour le compte de l’Assemblée nationale, sur la piraterie maritime.
Le député Christian MENARD auteur d’un premier rapport en 2009 sur le sujet (voir article du blog du 19/05/2009) doit rendre ses conclusions en septembre ou octobre prochains.
Rappelons que dans son premier rapport , il recommandait la mise en œuvre d’une approche globale par la communauté internationale pour des actions militaires et civiles.
Sur le plan militaire il préconisait s’agissant du golfe d’Aden et au large de la Somalie, un arsenal de mesures visant à rendre ces attaques plus risquées et plus coûteuses pour les pirates :
- En s’appuyant sur la résolution 1851 des Nations-Unies la communauté internationale pour mener ponctuellement des interventions à terre de type policier en ciblant par exemple les navires suspects et en avertissant que tous ceux qui seront retrouvés en mer seront détruits.
- En renforçant la présence navale et aérienne afin de mieux couvrir les zones à risque (ex la mer des Seychelles).
- En utilisant des drones – comme le font les américains de la Task force 151 –pour renforcer les moyens de surveillance.
Dans le domaine civil , il mettait l’accent l’accent sur des aspects essentiels en plaidant pour :
- Un accroissement de l’aide au développement de la Somalie en combinant le soutien à la restauration de l’État de droit et les aides directes et conditionnelles à la population.
- Une consolidation des capacités juridiques et judiciaires des États côtiers – comme le Kenya – auxquels l’Union européenne a choisi de transférer les pirates capturés.
- Une aide afin que la Somalie puisse recouvrer sa souveraineté maritime et à exploiter ses ressources, longtemps pillées, dans le domaine de la pêche.
Le second rapport d’information attendu à la rentrée parlementaire se veut complémentaire au premier et devrait être plus centré sur un aspect juridique afin d'empêcher que les pirates détenus en France ne soient plus automatiquement relâchés.
Après une mission de trois semaines en Afrique qui l’a mené au Cameroun, au Nigeria puis à l’Est du continent et dans la corne de l’Afrique : au Kenya, à Djibouti et en Somalie, le député Christian Ménard a livré ses premières impressions au journal Le Télégramme .
Il rappelle notamment qu’il y a « trois endroits dans le monde où la piraterie est monnaie courante. Dans le détroit de Malacca, dans le golfe d'Aden et dans le golfe de Guinée », en indiquant les différents modes opératoires des pirates selon les zones géographiques : « Là où les pirates somaliens n'hésitent plus à s'éloigner très loin de leurs côtes - grâce à un bateau-mère auquel ils accrochent deux bateaux rapides, ils parviennent à descendre à près de 1.000kilomètres au sud - leurs homologues du golfe de Guinée mènent leurs attaques à proximité des plates-formes de forage pétrolier, dans la limite des 12 milles des eaux nationales. Mais ils opèrent de la même façon avec des lance-roquettes et toute l'artillerie qui va avec... ».
Aujourd’hui la question centrale dans ce phénomène de piraterie relève désormais de la nature même de ce type d’actions. la question se pose de savoir dans quelle mesure cette activité serait endogène ou exogène (commanditée de l'extérieur). Le lien entre piraterie et terrorisme est désormais posé.
La déliquescence de l'État somalien, depuis la fin des années 1980, a provoqué une disparition progressive des structures étatiques au profit de chefs de guerre et d’un certaine anarchie. La baisse de l’activité économique de la pêche a fait que les pêcheurs se sont aventurés dans la piraterie, avant d'être remplacés par des clans de plus en plus riches au fil des rançons versées.
Les experts des services de renseignement européens s'intéressent particulièrement à cette évolution préoccupante, convaincus que l'élargissement du recrutement des pirates à des franges plus politisées, ainsi que l'accroissement de leurs moyens, a pu faire évoluer les motivations. Ainsi, pour Christian Ménard, « actuellement, la DGSE et d'autres services de renseignement pensent que les choses ont changé. Au tout début, les Chebabs - les leaders islamiques intégristes de la Somalie - ont lutté contre la piraterie. On se rend compte qu'il existe aujourd'hui des clans et des sous-clans qui très vraisemblablement s'entendent avec les pirates. Une partie des rançons serait affectée à ces ententes. On n'a pas encore de preuves, mais si cela était avéré, ce pourrait être très grave... ».
Il poursuit, « Au Puntland, au nord-est de la Somalie, une partie de l'argent provenant de la piraterie est recyclée sur place, l'autre au Kenya. Et on sait que des éléments d'al-Qaida ou des bandes affiliées à al-Qaida s'y trouvent... Ce dont on est sûr, c'est que la pauvreté n'est pas la cause première de la piraterie. Un exemple: les revendications du MEND, mouvement soi-disant politique du golfe de Guinée, visent à ce que la manne pétrolière soit plus équitablement répartie. Mais ce ne sont que des gangsters qui n'agissent qu'au nom de leurs propres intérêts. La piraterie est synonyme d'argent facile et on se retrouve face à de véritables mafias. »
Article RH 3B Conseils
Sources : Assemblée nationale / Le Télégramme
Photo Assemblée Nationale
Dans ce prolongement nous nous penchons aujourd’hui sur la mission parlementaire du député français Christian Ménard, désigné en juin dernier, par la commission de la Défense, pour réaliser un second rapport d’information pour le compte de l’Assemblée nationale, sur la piraterie maritime.
Le député Christian MENARD auteur d’un premier rapport en 2009 sur le sujet (voir article du blog du 19/05/2009) doit rendre ses conclusions en septembre ou octobre prochains.
Rappelons que dans son premier rapport , il recommandait la mise en œuvre d’une approche globale par la communauté internationale pour des actions militaires et civiles.
Sur le plan militaire il préconisait s’agissant du golfe d’Aden et au large de la Somalie, un arsenal de mesures visant à rendre ces attaques plus risquées et plus coûteuses pour les pirates :
- En s’appuyant sur la résolution 1851 des Nations-Unies la communauté internationale pour mener ponctuellement des interventions à terre de type policier en ciblant par exemple les navires suspects et en avertissant que tous ceux qui seront retrouvés en mer seront détruits.
- En renforçant la présence navale et aérienne afin de mieux couvrir les zones à risque (ex la mer des Seychelles).
- En utilisant des drones – comme le font les américains de la Task force 151 –pour renforcer les moyens de surveillance.
Dans le domaine civil , il mettait l’accent l’accent sur des aspects essentiels en plaidant pour :
- Un accroissement de l’aide au développement de la Somalie en combinant le soutien à la restauration de l’État de droit et les aides directes et conditionnelles à la population.
- Une consolidation des capacités juridiques et judiciaires des États côtiers – comme le Kenya – auxquels l’Union européenne a choisi de transférer les pirates capturés.
- Une aide afin que la Somalie puisse recouvrer sa souveraineté maritime et à exploiter ses ressources, longtemps pillées, dans le domaine de la pêche.
Le second rapport d’information attendu à la rentrée parlementaire se veut complémentaire au premier et devrait être plus centré sur un aspect juridique afin d'empêcher que les pirates détenus en France ne soient plus automatiquement relâchés.
Après une mission de trois semaines en Afrique qui l’a mené au Cameroun, au Nigeria puis à l’Est du continent et dans la corne de l’Afrique : au Kenya, à Djibouti et en Somalie, le député Christian Ménard a livré ses premières impressions au journal Le Télégramme .
Il rappelle notamment qu’il y a « trois endroits dans le monde où la piraterie est monnaie courante. Dans le détroit de Malacca, dans le golfe d'Aden et dans le golfe de Guinée », en indiquant les différents modes opératoires des pirates selon les zones géographiques : « Là où les pirates somaliens n'hésitent plus à s'éloigner très loin de leurs côtes - grâce à un bateau-mère auquel ils accrochent deux bateaux rapides, ils parviennent à descendre à près de 1.000kilomètres au sud - leurs homologues du golfe de Guinée mènent leurs attaques à proximité des plates-formes de forage pétrolier, dans la limite des 12 milles des eaux nationales. Mais ils opèrent de la même façon avec des lance-roquettes et toute l'artillerie qui va avec... ».
Aujourd’hui la question centrale dans ce phénomène de piraterie relève désormais de la nature même de ce type d’actions. la question se pose de savoir dans quelle mesure cette activité serait endogène ou exogène (commanditée de l'extérieur). Le lien entre piraterie et terrorisme est désormais posé.
La déliquescence de l'État somalien, depuis la fin des années 1980, a provoqué une disparition progressive des structures étatiques au profit de chefs de guerre et d’un certaine anarchie. La baisse de l’activité économique de la pêche a fait que les pêcheurs se sont aventurés dans la piraterie, avant d'être remplacés par des clans de plus en plus riches au fil des rançons versées.
Les experts des services de renseignement européens s'intéressent particulièrement à cette évolution préoccupante, convaincus que l'élargissement du recrutement des pirates à des franges plus politisées, ainsi que l'accroissement de leurs moyens, a pu faire évoluer les motivations. Ainsi, pour Christian Ménard, « actuellement, la DGSE et d'autres services de renseignement pensent que les choses ont changé. Au tout début, les Chebabs - les leaders islamiques intégristes de la Somalie - ont lutté contre la piraterie. On se rend compte qu'il existe aujourd'hui des clans et des sous-clans qui très vraisemblablement s'entendent avec les pirates. Une partie des rançons serait affectée à ces ententes. On n'a pas encore de preuves, mais si cela était avéré, ce pourrait être très grave... ».
Il poursuit, « Au Puntland, au nord-est de la Somalie, une partie de l'argent provenant de la piraterie est recyclée sur place, l'autre au Kenya. Et on sait que des éléments d'al-Qaida ou des bandes affiliées à al-Qaida s'y trouvent... Ce dont on est sûr, c'est que la pauvreté n'est pas la cause première de la piraterie. Un exemple: les revendications du MEND, mouvement soi-disant politique du golfe de Guinée, visent à ce que la manne pétrolière soit plus équitablement répartie. Mais ce ne sont que des gangsters qui n'agissent qu'au nom de leurs propres intérêts. La piraterie est synonyme d'argent facile et on se retrouve face à de véritables mafias. »
Article RH 3B Conseils
Sources : Assemblée nationale / Le Télégramme
Photo Assemblée Nationale
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