Union Européenne - 06/08/2010 – 3B Conseils – Les munitions immergées, terme désignant les situations où des munitions ont été perdues (naufrages..) ou volontairement jetées dans les eaux, risquent dans les décennies à venir de causer des dommages importants - et non encore mesurés - tant à l’environnement, à la faune que à la santé humaine.
Ce concept découle de séquelles de guerres ou d’activités militaires, et évoque une succession de risques et de dommages allant de l’explosion, la pollution, jusqu’à la contamination chimique de la chaîne alimentaire (à court, moyen ou long terme selon les cas).
Ainsi quatre-vingt-douze ans après l’armistice de 1918, et soixante-cinq ans après la fin de la seconde guerre mondiale, les armes conventionnelles ou chimiques des armées successives peuvent donc encore nous empoisonner.
Les munitions immergées, imparfaitement traitées, posent des problèmes majeurs, : une destruction sûre ou un désamorçage sécurisé et respectueux de l’environnement ne serait prévu que pour moins de 1% des stocks immergés connus.
Par ailleurs les risques d’explosion ou de fuite de matières toxiques restent mal évalués et pourraient varier selon la profondeur, salinité, courants, taux d’oxygène ou encore la température de l’eau. Sans compter que dans les mers et océans, certains dépôts ont été pour partie dispersés par les courants, ou des chaluts de pêche.
Certains dépôts contiendraient des dizaines de milliers de tonnes d’obus, mais ces tonnages ne sont cités ou évalués que pour moins de 50 % des sites connus.
C’est ainsi qu’à l’issue des deux conflits mondiaux du XXème siècle, des millions de armes et projectiles non explosés (bombes, obus, mines…) jonchant les sols du continent européen, les autorités de l’époque ont voulu s’en débarrasser au plus vite et sans trop de traces visibles… Quoi de plus rapide dès lors et de « plus discret » - car loin des regards des populations - que leur déversement dans les mers et océans ?
A cet égard, l’ enquête en trois volets sur cette question que publie l’hebdomadaire « Le Marin » est riche d’enseignements et d’informations. Une question également appréhendée lors de la 2nde conférence de Défense et Environnement en 2008. Voir les interventions de Giovanni Ricucci et Patrice Hernu et les vidéos du colloque sur les armes chimiques immergées : vidéo 1 et vidéo 2 ).
Après 1945, s’agissant des Alliés ceux-ci se sont vu confronté à une double problématique : se débarrasser de leurs surplus et « éliminer » le stock d’arme de l’Allemagne nazie.
Le Royaume-Uni a reconnu ainsi avoir eu deux millions de tonnes de munitions en surplus . En Allemagne, les Alliés ont découvert 300 000 tonnes d'armes chimiques, dont ils se sont débarrassés en mer du Nord et dans la Baltique.
Depuis 1945 (époque à laquelle le déminage a été organisé, les archives n’étant en France exploitables qu’à partir de 1950, et informatisées à partir de 2000), plus de 660 000 tonnes de bombes ont été dégagées, ainsi que 13,5 millions de mines et 24 millions d’obus ou autres explosifs. La France est le pays le plus touché en Europe pour la période 1914-1918, et avec l’Allemagne pour la période 1939-1945.
S’agissant de la France en l’absence d’évaluation officielle on sait cependant par l des témoins de l’époque qu’en en 1965 par exemple, 17 000 fûts chargés d'obus à l'ypérite (gaz moutarde) ont été embarqués à Lorient pour être déversés probablement dans golfe de Gascogne. » On sait par exemple que, peu soluble, l'ypérite reste très actif pendant 400 ans.
En cas de libération brutale et importante de toxiques, bon nombre d’organismes marins - les filtreurs : moules, huîtres et autres coquillages…, les poissons carnivores et les mammifères marins - pourraient être massivement affectés, comme les populations riveraines (voire plus lointaines s’il devait se former un nuage toxique).
En Belgique comme en mer Baltique notamment, des études réalisées laissent penser que le plomb, le mercure, le plomb, les gaz et les liquides toxiques, ainsi que les explosifs des munitions depuis 1914, ou encore le nitrate propulsif, le phosphore et les métaux qui constituent les enveloppes, douilles ou chemisages des munitions immergées pourraient significativement affecter les écosystèmes terrestres et aquatiques. Les impacts redoutés par les experts en déminage et en écotoxicologie sont surtout de moyen et long termes et concernent toute la pyramide alimentaire.
C’est notamment une crainte pour la mer Baltique, quasi-fermée à la différence de l’Atlantique ou du Pacifique. (voir aussi l’article du blog du XXXX sur la visite de Vladimir Poutine dans l’Arctique).
Les responsables de ces immersions semblent avoir longtemps pensé qu’il y aurait dégradation puis dilution des toxiques chimiques. Or, au moins dans les eaux froides, les toxiques sont restés parfaitement actifs après 80 ans, certains ne sont pas dégradables ni biodégradables (mercure, par exemple).
Ces toxiques pourraient aussi contribuer aux grands phénomènes de dystrophisation et de zones mortes (marine dead zones) identifiées par l’ONU.
Celles-ci sont en augmentation constante depuis les années 1970 et plus encore depuis les années 1990. Elles possèdent trop peu d'oxygène pour que la faune puisse survivre, celle ci meurt par asphyxie. On parle alors de zones anoxiques.
La carte des principales zones mortes (zones d'eutrophisations ) se superpose avec les décharges sous-marines contenant ces millions de munitions mais celles-ci se déplacent aussi du fait des phénomènes climatiques.
Selon l'OSPAR ( Voir la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est ), il existerait 148 sites officiellement reconnus notamment dans la Baltique, en Manche et dans le golf du Mexique. Trente de ces sites contiennent des armes chimiques ! Ce rapport fait aussi état de 3 zones au contenu "inconnu"!
Voir les recommandations et les décisions de l’OSPAR sur les munitions immergées depuis 1986
Cette poudrière sous marine pourrait bien constituer un problème écologique majeur des prochaines décennies.
Article RH 3B Conseils
Sources Le Marin / OSPAR / Conférences Défense et Environnement
Photo : mer et marine
Ce concept découle de séquelles de guerres ou d’activités militaires, et évoque une succession de risques et de dommages allant de l’explosion, la pollution, jusqu’à la contamination chimique de la chaîne alimentaire (à court, moyen ou long terme selon les cas).
Ainsi quatre-vingt-douze ans après l’armistice de 1918, et soixante-cinq ans après la fin de la seconde guerre mondiale, les armes conventionnelles ou chimiques des armées successives peuvent donc encore nous empoisonner.
Les munitions immergées, imparfaitement traitées, posent des problèmes majeurs, : une destruction sûre ou un désamorçage sécurisé et respectueux de l’environnement ne serait prévu que pour moins de 1% des stocks immergés connus.
Par ailleurs les risques d’explosion ou de fuite de matières toxiques restent mal évalués et pourraient varier selon la profondeur, salinité, courants, taux d’oxygène ou encore la température de l’eau. Sans compter que dans les mers et océans, certains dépôts ont été pour partie dispersés par les courants, ou des chaluts de pêche.
Certains dépôts contiendraient des dizaines de milliers de tonnes d’obus, mais ces tonnages ne sont cités ou évalués que pour moins de 50 % des sites connus.
C’est ainsi qu’à l’issue des deux conflits mondiaux du XXème siècle, des millions de armes et projectiles non explosés (bombes, obus, mines…) jonchant les sols du continent européen, les autorités de l’époque ont voulu s’en débarrasser au plus vite et sans trop de traces visibles… Quoi de plus rapide dès lors et de « plus discret » - car loin des regards des populations - que leur déversement dans les mers et océans ?
A cet égard, l’ enquête en trois volets sur cette question que publie l’hebdomadaire « Le Marin » est riche d’enseignements et d’informations. Une question également appréhendée lors de la 2nde conférence de Défense et Environnement en 2008. Voir les interventions de Giovanni Ricucci et Patrice Hernu et les vidéos du colloque sur les armes chimiques immergées : vidéo 1 et vidéo 2 ).
Après 1945, s’agissant des Alliés ceux-ci se sont vu confronté à une double problématique : se débarrasser de leurs surplus et « éliminer » le stock d’arme de l’Allemagne nazie.
Le Royaume-Uni a reconnu ainsi avoir eu deux millions de tonnes de munitions en surplus . En Allemagne, les Alliés ont découvert 300 000 tonnes d'armes chimiques, dont ils se sont débarrassés en mer du Nord et dans la Baltique.
Depuis 1945 (époque à laquelle le déminage a été organisé, les archives n’étant en France exploitables qu’à partir de 1950, et informatisées à partir de 2000), plus de 660 000 tonnes de bombes ont été dégagées, ainsi que 13,5 millions de mines et 24 millions d’obus ou autres explosifs. La France est le pays le plus touché en Europe pour la période 1914-1918, et avec l’Allemagne pour la période 1939-1945.
S’agissant de la France en l’absence d’évaluation officielle on sait cependant par l des témoins de l’époque qu’en en 1965 par exemple, 17 000 fûts chargés d'obus à l'ypérite (gaz moutarde) ont été embarqués à Lorient pour être déversés probablement dans golfe de Gascogne. » On sait par exemple que, peu soluble, l'ypérite reste très actif pendant 400 ans.
En cas de libération brutale et importante de toxiques, bon nombre d’organismes marins - les filtreurs : moules, huîtres et autres coquillages…, les poissons carnivores et les mammifères marins - pourraient être massivement affectés, comme les populations riveraines (voire plus lointaines s’il devait se former un nuage toxique).
En Belgique comme en mer Baltique notamment, des études réalisées laissent penser que le plomb, le mercure, le plomb, les gaz et les liquides toxiques, ainsi que les explosifs des munitions depuis 1914, ou encore le nitrate propulsif, le phosphore et les métaux qui constituent les enveloppes, douilles ou chemisages des munitions immergées pourraient significativement affecter les écosystèmes terrestres et aquatiques. Les impacts redoutés par les experts en déminage et en écotoxicologie sont surtout de moyen et long termes et concernent toute la pyramide alimentaire.
C’est notamment une crainte pour la mer Baltique, quasi-fermée à la différence de l’Atlantique ou du Pacifique. (voir aussi l’article du blog du XXXX sur la visite de Vladimir Poutine dans l’Arctique).
Les responsables de ces immersions semblent avoir longtemps pensé qu’il y aurait dégradation puis dilution des toxiques chimiques. Or, au moins dans les eaux froides, les toxiques sont restés parfaitement actifs après 80 ans, certains ne sont pas dégradables ni biodégradables (mercure, par exemple).
Ces toxiques pourraient aussi contribuer aux grands phénomènes de dystrophisation et de zones mortes (marine dead zones) identifiées par l’ONU.
Celles-ci sont en augmentation constante depuis les années 1970 et plus encore depuis les années 1990. Elles possèdent trop peu d'oxygène pour que la faune puisse survivre, celle ci meurt par asphyxie. On parle alors de zones anoxiques.
La carte des principales zones mortes (zones d'eutrophisations ) se superpose avec les décharges sous-marines contenant ces millions de munitions mais celles-ci se déplacent aussi du fait des phénomènes climatiques.
Selon l'OSPAR ( Voir la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est ), il existerait 148 sites officiellement reconnus notamment dans la Baltique, en Manche et dans le golf du Mexique. Trente de ces sites contiennent des armes chimiques ! Ce rapport fait aussi état de 3 zones au contenu "inconnu"!
Voir les recommandations et les décisions de l’OSPAR sur les munitions immergées depuis 1986
Cette poudrière sous marine pourrait bien constituer un problème écologique majeur des prochaines décennies.
Article RH 3B Conseils
Sources Le Marin / OSPAR / Conférences Défense et Environnement
Photo : mer et marine
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