vendredi 29 janvier 2010
Récupération des déchets radioactifs de la mine d'Asse
BERLIN (Allemagne) – 28/01/10 – 3B Conseils - L'Office fédéral pour la radioprotection et la sûreté nucléaire (BfS), actuel propriétaire de la mine de sel épuisée Asse II (Basse-Saxe), a décidé de ramener à la surface les 126.000 fûts de déchets nucléaires qu'elle contient. La récupération des fûts devrait durer une dizaine d'années, et coûter au moins 2 milliards d'euros, selon une estimation du président du BfS, Wolfram König. Nordbert Röttgen, Ministre fédéral de l'environnement, soutient cette décision.
Depuis janvier 2009, le puits d'Asse II, officiellement considéré comme un centre de recherche, et ayant servi de facto au stockage de déchets à faible et moyenne activité (FMA) entre 1967 et 1978, est désormais considéré comme un centre de stockage définitif de déchets radioactifs et dépend donc du droit nucléaire (et non plus minier), sous la responsabilité du BfS. L'état géologique de la mine pose des problèmes de taille aux experts. En effet, depuis des années 12.000 litres d'eau saumâtre s'infiltrent quotidiennement dans les galeries. Actuellement, l'eau est collectée et évacuée du puits. Cependant, si la quantité d'eau infiltrée venait à augmenter - hypothèse que les experts n'excluent pas - la mine et ses déchets radioactifs pourraient être noyés. Par ailleurs, certaines chambres n'ont pas été correctement remblayées à l'époque de l'évacuation du sel, et sont menacées par un danger d'écroulement. Ainsi, la fermeture du puits est soumise à une forte pression temporelle : il n'est pas envisageable de tenter une solution, et de vérifier dix ans plus tard si elle est appropriée.
Le BfS a depuis janvier 2009 examiné 3 solutions pour la fermeture du site aucune n'étant optimale, selon Wolfram König. L'option de récupération des déchets envisagée actuellement pourrait garantir une sécurité à long terme, exigée par l'état actuel de la loi atomique. Les autres options consisteraient en un déplacement des déchets dans des couches plus profondes de la mine (solution viable à long terme, mais plus coûteuse, longue à appliquer et comportant le risque de ne pas trouver de site approprié) ou un remplissage de la mine par du béton et une solution basique de chlorure de magnésium (solution plus rapide et facile à mettre en oeuvre, car évitant un déplacement des déchets radioactifs, mais ne garantissant pas une sécurité suffisante à long terme, à cause des dégagements radioactifs possibles).
Cependant, les risques liés à l'option de récupération des fûts ne sont pas nuls : dans un premier temps, il faut vérifier que les déchets radioactifs stockés dans des chambres scellées à 511 et 750 m de profondeur dans des conditions extrêmement douteuses peuvent être effectivement entièrement récupérés. La fermeture du site est compliquée par 2 facteurs inconnus : le contenu des fûts et leur état. Il est en effet impossible d'estimer exactement quels déchets sont contenus dans la mine et dans quelle quantité : à côté des déchets liés à l'activité des centres de recherche nucléaire (Karlsruhe, Jülich) et des centrales nucléaires, les chambres contiendraient 28 kg de plutonium, ainsi que de l'arsenic, du plomb, des pesticides et même des cadavres d'animaux. Lors de la fermeture du site, les cavités vidées de leurs fûts devraient être remplies de béton, afin de stabiliser la mine. Par ailleurs, l'état des fûts est inconnu. Ainsi, seules certaines chambres de stockage devraient être ouvertes dans un premier temps, afin de récupérer entre 1.000 et 3.000 fûts, sur lesquels le BfS souhaite effectuer des essais et mesurer la réactivité. Si les conteneurs s'avéraient être en plus mauvais état que prévu, leur récupération pourrait être remise en question et d'autres options à nouveau considérées.
Suite à la récupération des fûts, un stockage en surface provisoire des déchets sur le terrain de la mine sera nécessaire, pour tester et traiter les déchets avant de les envoyer dans un site de stockage définitif. Cela représente une dose d'irradiation supplémentaire pour le personnel qui devra ainsi manier les déchets, mais qui selon Wolfram König demeurerait en dessous des limites de sécurité. En effet, le BfS estime la dose d'irradiation totale à 900 mSv/an, répartie entre les travailleurs, dont chacun ne recevrait donc qu'une dose bien inférieure à la limite de 20 mSv/ an. Une grande partie des travaux devrait être menée par des machines automatiques et dirigée à distance. De plus, toute exposition des riverains serait exclue.
Pendant la planification de la récupération des fûts, le BfS mènera des travaux de stabilisation de la mine. Depuis des mois, les cavités ne contenant pas de déchets sont scellées. Pour le stockage des déchets en provenance d'Asse, le BfS examine la possibilité d'exploiter l'ancienne mine de fer de Konrad à Salzgitter (à 20 km de Asse), qu'il aménage actuellement en site de stockage définitif pour des déchets FMA. Toutefois, l'agrément concernant Konrad ne s'applique qu'à un maximum de 303.000 m3 de déchets. Or le volume des déchets en provenance d'Asse dépasse 100.000 m3, ce qui laisserait peu de place pour une prise en charge des déchets nucléaires jusqu'en 2040. Comme il est prévu, la capacité d'accueil de Konrad devrait être reconsidérée.
La prise en charge des coûts massifs demeure encore incertaine : l'ex-ministre de l'environnement et actuel chef du SPD Sigmar Gabriel brigue une participation des responsables du "scandale d'Asse", en particulier les propriétaires des centrales nucléaires, à l'origine de deux-tiers des déchets d'Asse.
Article : SLG 3B Conseils
Sources : BE Berlin /3B Conseils
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