BERLIN (Allemagne) – 9/11/2009 – 3B Conseils – Nous profitons de la Commémoration du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin pour revenir sur le programme d’armement de l’Union soviétique. Après la chute de l’URSS en 1991, un grand nombre d’unités de production et de dépôts de ces armes ont été laissés à l’abandon, sans protection ni décontamination, notamment hors des frontières russes. Si le cas des armes nucléaires a été très médiatisé et a mobilisé la communauté internationale, la question des autres types d’armes (chimiques et bactériologiques) a reçu moins d’écho.
La Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction de 1993, entrée en vigueur le 29 avril 1997, exigeait de ses signataires la destruction de leurs stocks dans un délai de dix ans. La Russie, qui détient les stocks les plus importants, a évalué les siens à 40 000 tonnes, contenus dans sept dépôts identifiés. Mais certains écologistes estiment que des centaines de dépôts contenant jusqu'à 20 000 tonnes de ces armes pourraient avoir été "oubliés" par les militaires. Dans les années 90, Moscou avait estimé le coût des opérations de destruction à sept milliards de dollars, mais il semblerait que ce coût et surtout les risques pour les populations et pour l'environnement avaient été largement sous-estimés. Si bien que les deux principaux Etats détenteurs d'armes chimiques, la Russie et les Etats Unis (qui pour leur part en détiennent 30 000 tonnes) ont demandé le report du délai à 2012. Or, la plupart des experts considèrent qu'ils seront tout aussi incapables de respecter cette nouvelle échéance. D'autant que les populations voisines des sites ont commencé à s'inquiéter, et à s’opposer à la construction d’unités de destruction d’armes faute de garanties sur leur sécurité.
Les armes bactériologiques reposent sur la dissémination d’agents infectieux qui peuvent être des bactéries (anthrax, peste...), des virus (variole) ou bien certaines toxines (ricin).
Parmi les programmes d’armes biologiques développés en violation de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction de 1972, ceux de l’Union soviétique furent de loin les plus ambitieux. Révélé par des transfuges au cours des années 1990, le programme Biopreparat occupait 30 000 personnes dispersées sur une quarantaine de sites en Russie et au Kazakhstan, dont cinq usines de production, huit centres de recherche, et un centre d’essais en plein air sur l’île de Vozrojdenie (Résurection).
Au début des années 50, les militaires soviétiques avaient installé dans cette petite île située au milieu de la mer d'Aral, un laboratoire d'armes bactériologiques où l'on a testé et stocké des souches pathogènes comme l'anthrax, la peste, le typhus et la variole ... Jusqu'au départ des Russes en 1992, ce laboratoire avait été tenu secret car il abritait le plus grand site de stockage et d'expérimentation d'armes bactériologiques à ciel ouvert de toute l'Union soviétique. A la chute de cette dernière, les militaires ont abandonné les lieux après avoir affirmé qu'ils l'avaient décontaminé. En réalité, ils s'étaient contentés d'enterrer profondément dans le sable onze fûts contenant de l'anthrax, soit le plus grand dépôt au monde. La diminution de la surface de la mer d'Aral a eu pour conséquence de rendre l'île accessible depuis la côte et les autorités ouzbèkes ont craint alors que des souches bactériennes restées actives ne soient véhiculées par des animaux ou pire que des terroristes ne s'en emparent.
Ainsi autorisèrent-ils en 1997, une mission de scientifiques américains à se rendre sur les lieux. Ces derniers révélèrent que les souches de la bactérie étaient toujours actives. Il faudra encore attendre quatre ans, pour que les autorités américaines et ouzbèkes parviennent à un accord, le 22 octobre 2001, selon lequel les Etats-Unis s’engagent à nettoyer l’île pour un montant de 6,6 millions d’euros.
Visionnez les interventions de Stephan Robinson (Physicien nucléaire, Directeur du programme international de désarmement de Green Cross International) lors de la 2ème et 3ème conférence Défense et Environnement : une nouvelle manière de penser :ICI et ICI
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : Documentation Française / 3B Conseils
lundi 9 novembre 2009
Chute du mur de Berlin : retour sur les stocks d’armes chimiques de l’URSS
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1 commentaire:
Chute du Mur, 20 ans déjà ! Et si ' La fin de l'Histoire ' était le début de la ' Grande Cata ' ?
Cette question trouvée sur le portail suisse Pnyx.com rappelle opportunément, vingt ans plus tard, le grand débat engendré par le célèbre article 'La fin du monde' de Francis Fukuyama, publié dans le numéro d'été 1989 de la revue 'National Interset' et reproduit par la revue 'Commentaire' dans l'édition d'automne de la même année.
2009 : comment les événements que la planète vit depuis un an doivent-ils être mis en perspective vis à vis de la fin de guerre froide ? Pour voir le détail du débat provoqué par cet article de Fukuyama, aller : http://www.pnyx.com/fr_fr/sondage/410
La question qui se pose aujourd'hui n'est-elle pas :
En 2008, dans l'immense clash planétaire du système financier, la dynamique engendrée depuis 1989 s'est-elle révélée une impasse ? 20 ans plus tard, 'l'Histoire' doit-elle finalement se réinventer ?
Ou au contraire, cette dynamique engendrée en 1989 reste-t'elle valide et la crise de 2008 n'est-elle qu'un 'incident de parcours' qui ne modifie pas le 'cap' engagé après la chute du mur ?
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