TOKYO (Japon) – 26/10/09 - 3B Conseils - Le nouveau gouvernement japonais pourrait reprendre à son compte un accord sur le déménagement d'une base militaire américaine sur l'île d'Okinawa (une île située à 1.600 km au sud-ouest de la partie principale de l'archipel nippon). En 2006, un accord prévoyait que la base aérienne utilisée par les "marines" américains à Futenma, au coeur d'une zone urbaine de l'île d'Okinawa, soit délocalisée dans un autre secteur moins habité de l'île. Cependant, la population locale ne cesse de dénoncer l'impact de cette présence sur la criminalité et sur la pollution. Le Premier ministre, Yukio Hatoyama (qui a mis fin en août à un demi-siècle de gouvernement conservateur), a précisé qu'une décision serait prise d'ici la fin de l'année. Hatoyama et son Parti démocrate (PDJ) se sont même prononcés pour un départ total des forces américaines d'Okinawa. Si cette opinion n'est plus à l'ordre du jour - les autorités américaines ont rejeté ce plan en arguant d'impératifs de sécurité -, Washington s'impatiente. Cette semaine, son secrétaire à la Défense Robert Gates a publiquement pressé le nouveau gouvernement japonais de prendre une décision. Vendredi, un autre journal japonais, le quotidien Sankei, affirmait que Hatoyama présenterait d'ici la fin de l'année un plan alternatif de déménagement de la base de Futenma dans un autre secteur de l'île et qu'il en informerait Barack Obama lors de la visite du président américain au Japon, le mois prochain. L'information avait été démentie par le secrétaire général du gouvernement, Hirofumi Hirano. Mais le quotidien Asahi écrit samedi que Yukio Hatoyama a bien indiqué qu'une décision serait prise sur le sujet d'ici la fin de l'année. Compte tenu du calendrier, ajoute le journal, il serait difficile de déterminer dans ce délai un nouveau secteur pour l'implantation de la base, et donc le nouveau gouvernement japonais devrait reprendre le plan initial, peut-être légèrement amendé, poursuit Asahi.
Le 21 juillet 2008 nous vous informions déjà que les riverains des bases militaires américaines se plaignaient du bruit, de la criminalité et de la pollution liés à cette présence. Le 17 juillet 2008 une cour de justice japonaise avait même ordonné au Gouvernement d’augmenter les compensations accordées à 257 résidents de la Yokota Air Base située dans un quartier résidentiel de la banlieue ouest de Tokyo. En 2003, la justice avait déjà donné raison aux plaignants en leur accordant une compensation financière de 160 millions de yen, cette fois ils obtiennent 190 millions de yen (1,8 million de dollars). La demande n’a pourtant pas été entièrement satisfaite puisque les résidents souhaitaient aussi une suspension des vols la nuit et une compensation à l’avance pour la future pollution sonore. La cour a jugé la demande de suspension des vols inappropriée puisque les opérations américaines, suivant le traité de sécurité nippo-américain de 1951, ne relève pas de la juridiction du Japon.
Le Japon est régulièrement le théâtre de procédures judiciaires contre les nuisances sonores provoquées par les aéronefs américains. Le premier cas remonte à 1981. 114 des 148 plaignants de la région de Yokota obtiennent 100 000$ de compensation pour les nuisances sonores engendrées par les 1000 vols mensuels. Jusqu’alors seul le gouvernement japonais avait été inquiété mais c’est en 1996 que la première plainte est enregistrée contre les Etats-Unis et le gouvernement japonais. 3100 riverains demandent 30 millions de dollars et la suspension des vols entre 21h et 7h mais les habitants perdent leur jugement en appel en 2002 contre les Etats-Unis.
Si ce type d’opposition ne peut remettre en cause la coopération militaire américano-japonaise, il faut se rappeler que ces affaires provoquent une hostilité diffuse dans l'opinion publique. A Tokyo, et à Washington, on s'inquiète des risques de dérapage de ces campagnes qui pourraient relancer le débat sur la présence des troupes américaines. Le ressentiment de la population fut l'un des facteurs qui a accéléré la fermeture des bases américaines aux Philippines au début des années 1990. Bien que la guerre Froide soit terminée, le traité de sécurité américano-nippon reste non seulement un pilier de la stratégie asiatique des Etats-Unis et la « pierre angulaire » de la défense du Japon, mais encore un élément stabilisateur dans une région qui ne dispose d'aucun système de sécurité collectif.
Le Japon accueille 50 000 personnels militaires américains.
Article : SLG 3B Conseils
Documents de référence : Asahi / The associated Press / New York Times / Le Monde / 3B Conseils
lundi 26 octobre 2009
La base américaine d’Okinawa au Japon sera-t-elle déplacée ?
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