PARIS (France) - 22/07/2008 - 3B Conseils- Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2008, une quantité d’uranium (entre 30 et 74 kg) provenant de l’usine Socatri (filiale d’Areva), a été accidentellement déversés dans les eaux des rivières la Gaffière et le Lauzon. Socatri, installée sur le site nucléaire du Tricastin est chargée de l'assainissement et de la maintenance des composants, du matériel et des effluents d'Eurodif - l'usine d'enrichissement de l'uranium naturel. L’usine travaille aussi pour l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) et EDF. Cet incident a été classé provisoirement au niveau 1 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (équivalant à une « anomalie de fonctionnement ») par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). L’état général de pollution sur la zone, et certaines concentrations en uranium ne sont pas expliquées. L'hypothèse d'une pollution ancienne de la nappe due peut-être aux déchets d'une usine militaire d'enrichissement d'uranium ayant fonctionné de 1964 à 1996 est apparue.
En effet, des mesures de teneur en uranium faites, entre le 8 et le 13 juillet, dans la nappe phréatique au Tricastin ont révélé des « valeurs [qui] ne peuvent être expliquées par le rejet accidentel » d'après l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les traces d'uranium, n'auraient pas du être relevées car celui ne migre pas. En revanche, Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN, estime qu' «on ne peut exclure qu'il y ait eu des rejets antérieurs, à l'origine d'une pollution à l'uranium », mais que celui-ci ne peut pas seulement provenir du tumulus de terre haut de 5 à 6 mètres où ont été accumulées 760 tonnes de "barrières de diffusion", parois poreuses permettant de séparer l'uranium fissile, nécessaire aux armes nucléaires, de l'uranium naturel qui n'en contient que 0,7 %. Une étude du Haut Commissariat à l'énergie atomique, réalisée en 1998 (avant que ne soit distinguée les responsabilités civiles et militaires du Haut Commissaire), estimait entre 2,6 et 3,5 tonnes la quantité d'uranium contenue dans ces résidus, dont la teneur en U235 variait de 0,6 à 3,5 %. Les eaux de pluie, ruisselant sur ce stockage à ciel ouvert, auraient lessivé une partie de l'uranium vers la nappe. Areva a la charge de ce dépôt mais des contrôles réguliers sont effectués par l'ASN pour les installations relevant de la Défense (du Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense en particulier). Le rapport du Haut Commissariat notait que "la contamination de la nappe liée à cette butte de stockage a été mise en évidence dès 1977" et estimait que "900 kg environ d'uranium auraient quitté la butte via les eaux souterraines". Ces déchets proviennent d’anciennes usines militaires d'enrichissement d'uranium et ont été enfouis de 1964 à 1976 sous une butte de terre située au nord-est du site de Tricastin. Le site nucléaire, à cheval sur deux départements (Drôme et Vaucluse), comprend en effet de nombreuses installations ayant des activités potentiellement dangereuses : la centrale nucléaire elle-même, l'usine BCOT, l'usine Cogema, l'usine Comurhex, l'usine Eurodif et l'usine Socatri. La contamination de la nappe sous la butte a conduit, de 1980 à 1998, à son pompage à des fins de drainage. La Cogema (devenue Areva) avait envisagé une couverture de la butte de stockage, jamais réalisée.
Un chercheur de l'IRSN a mis en garde qu’ « établir des relations de cause à effet entre telle ou telle installation et le marquage n'est pas immédiat, cela va demander des investigations relativement poussées dans le futur ». Le Directeur de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Jacques Repussard, a admis le vendredi 18 juillet que la pollution de la nappe phréatique pouvait être en partie due à des déchets nucléaires d'origine militaire. « Ce marquage en uranium est ancien. (...) Il est dû à la présence de ces déchets militaires mais aussi à d'autres déversements accidentels qui ont eu lieu par le passé ». L'autorité de sûreté nucléaire militaire a tout de même demandé que les 760 tonnes de déchets nucléaires militaires stockés depuis quarante ans sur le Tricastin, sous le tumulus de terre, soient mieux protégées: le recouvrement du tertre devrait être réalisé.
Jean-Louis Borloo, le ministre de l'écologie, du développement durable, souhaite une plus grande rigueur dans les procédures de contrôle, de surveillance de l'environnement et d'alerte en cas d'incident nucléaire et la vérification de l'état des nappes phréatiques situées près des centrales nucléaires françaises (ce qui est déjà fait par EDF régulièrement). Le Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire, qu’il a mis en place au mois de juin 2008 est saisi du dossier. Corinne Lepage a rappelé sur l’antenne de RTL qu’ « en France le nucléaire n’est pas soumis au régime de droit commun, comme les installations classées. Pour ces dernières, on a l’obligation d’informer immédiatement l’administration et c’est une sanction pénale si on ne le fait pas ». L’ex-ministre de l’Ecologie souligne que le nucléaire dispose d’un droit spécifique dérogatoire du droit commun non seulement sur l’accès à l’information mais aussi sur le droit de polluer l’air ou l’eau.
Le site nucléaire du Tricastin, le plus important site industriel nucléaire français, date de la fin des années 1970. Il est implanté sur le territoire des communes de Pierrelatte, St-Paul-3-Châteaux et Bollène, réparti sur 600 hectares. A moins d’une dizaine de kilomètres à l’Est, les sables du Tricastin avec leurs végétation méditerranéenne xérophile remarquable, sont classés site Natura 2000 (1233 hectares). Au sein de cet espace, modelé par les activités agricoles (vignes, primeurs) subsiste l'étang de Suze-la-Rousse classé en réserve naturelle volontaire…
Article : SLG/BBB 3B Conseils
Références : DICOD / Le Monde / AFP / ASN / CRIIRAD / IRSN / RTL / France Nature Environnement/ Natura 2000 ; Photo : site nucléaire du Tricastin;
mardi 22 juillet 2008
Pollution de Tricastin : recherche des origines.
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1 commentaire:
Vos commentaires sont interréssants argumentés et non polémique seul souci la photo vous montrez le site du Tricastin ce qui aporte la confusion au niveau national car l'usine SOCATRI n'est pas sur la photo et c'est cet analgame qui fait que tout le monde mélange tout on veut faire du sensationnel pour attirer le client et quand on sait les tenants et aboutissants de cette histoire c'est un scandale. (Problème politique entre BOUYGUES qui veut entrer dans la construction de l'EPR et qu'AREVA s'y refuse.TF1 et M6 =Bouygues)sans commentaires.
A part que les locaux rament maintenant pour redorer le nom TRICASTIN et qu'il va falloir des années pour reconqurir les acheteurs de vins et les touristes et tout ca pour une affaire de gros sous. Là est le scandale!!
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