PYONGYANG (North Korea) -02/05/2011- 3B Conseils. Jimmy Carter s'est rendu en Corée du Nord mardi dernier pour rencontrer son dirigeant Kim Jong Il qui ne lui a finalement pas accordé d'entrevue. Il aurait cependant laissé un message adressé à la Corée du Sud et à ses habitants, dans lequel il dit être prêt à entamer des discussions sur un éventuel abandon de son programme d’armement nucléaire si les États-Unis s’engagent à garantir la sécurité de son pays.
Une rencontre avec Kim Jong Il et son fils Kim Jong Un aurait donné davantage de crédibilité et de poids à la démarche et à la visite de trois jours de l’ex-chef d’État et de sa délégation.
En effet, Jimmy Carter était accompagné par trois anciens dirigeants européens, l’ex-président finlandais Martti Ahtisaari, l’ancien premier ministre norvégien Gro Harlem Brundtland et l’ex-présidente irlandaise Mary Robinson, tous membres des « Elders », groupe fondé par Nelson Mandela pour prévenir les conflits dans le monde entier.
Il a déclaré que la Corée du Nord avait clairement manifesté sa volonté d’améliorer ses relations avec les États-Unis et d’entamer un processus de négociation avec la Corée du Sud.
L'ancien chef d'État américain insiste sur le point que la Corée du Nord ne renoncera pas à son programme nucléaire sans un soutien et des garanties des États-Unis.
Jusqu’à présent, Kim Jong-Il a en effet justifié ses programmes d’armement atomique par la crainte d’une invasion de la Corée du Nord par la Corée du Sud soutenue par les États-Unis, ce qui permettrait à Séoul de régner sur l’ensemble de la péninsule.
Jimmy Carter est connu et respecté en Corée du Nord pour son rôle dans l’accord conclu en 1994 concernant ses programmes nucléaires qui a sûrement évité un conflit entre les deux Corées à l'époque. Et pourtant, à Séoul comme à Washington, on ne croit pas vraiment en sa capacité à résoudre un conflit qui dure depuis longtemps, ni à entamer des négociations en vue d'une éventuelle dénucléarisation.
Han Sung-joo, le ministre des affaires étrangères de Corée du sud, a déclaré à l’occasion du voyage de Carter en 1994, que son gouvernement et celui des États-Unis se méfiaient de la présentation enjolivée de la Corée du Nord que M. Carter ne cessait de vouloir leur imposer.
Malgré ce scepticisme ambiant, le lauréat du prix Nobel de la paix veut continuer à croire qu’il est possible d’améliorer les relations que la Corée du Sud entretient avec le reste du monde.
Carter et sa délégation ont tout de même réussi à rencontrer le ministre des affaires étrangères et le président du parlement du Nord à défaut de Kim Jong-Il. Ils sont arrivés dans un contexte difficile et alors que la situation est particulièrement tendue entre le Nord et le Sud.
Des médiateurs américains et des représentants des pays voisins ont rencontré leurs homologues nord-coréens en 2009 et ont essayé de les persuader d’abandonner leur programme d’armement nucléaire. Mais depuis, rien n'avait officiellement été entrepris.
Entre temps, le Nord à procédé à des essais balistiques et nucléaires et a fièrement présenté une nouvelle installation permettant de produire de l’uranium enrichi et susceptible de lui donner la possibilité de fabriquer des bombes atomiques. Le climat reste donc assez tendu entre les deux Corées.
On déplore des "incidents" des deux côtés de la frontière. L'année dernière l’armée nord-coréenne a mené une attaque aérienne visant une île sud-coréenne tuant deux civils et deux militaires. Séoul a également accusé Pyongyang d’avoir coulé un de ses navires de guerre en mars 2010, tuant 46 marins sud-coréens.
D’après une image satellite publiée par l’ISIS (Institute for Science and International Security), l’institut pour la science et la sécurité internationale à Washington, et prise début mars, la Corée du Nord a progressé dans sa construction de ce qui pourrait être un réacteur nucléaire.
Bien que les autorités nord-coréennes revendiquent le fait que cette construction ait été réalisée pour produire de l’électricité, cette installation leur permet de justifier une production d’uranium enrichi qui pourrait être utilisé pour fabriquer des bombes atomiques et donc être détourné du secteur civile en faveur de l’armée.
Les États-Unis déclarent qu’ils ne chercheront pas à faire avancer les pourparlers en faveur d’une dénucléarisation tant que la Corée du Nord n’assumera pas sa responsabilité dans le bain de sang de l’année dernière. En effet, jusqu’ici la Corée du Nord n’a manifesté aucune volonté de faire des excuses et nie même toute implication dans le naufrage du navire.
Carter, 86 ans, arrive en Corée du Nord dans ce contexte difficile. Sa crédibilité dans cette région du globe provient de son intervention à Pyongyang en 1994. À l’époque les autorités nord-coréennes avaient renvoyé les inspecteurs de l’AIEA et menacé de détruire Séoul. Beaucoup ont alors craint qu’un conflit éclate entre les deux pays.
Carter, dont le déplacement avait reçu l’approbation du Président Clinton, avait à l’époque réussi à rencontrer Kim Il Sung, le fondateur du pays, respecté et aimé par son peuple, et le père de Kim Jong-Il, quelques jours avant sa mort.
Les États-Unis et la Corée du Nord s’étaient ensuite engagés dans un processus de négociation qui avait abouti sur un accord par lequel les nord-coréens s’engageaient à geler leurs projets d’installations nucléaires. En 2002, l’administration de George W.Bush avait dénoncé cet accord en déclarant que la Corée du Nord s’était secrètement lancée dans un programme d'enrichissement d'uranium.
Cette fois-ci Carter n'a pas reçu l'aval de l'administration Obama pour son déplacement. Il se présente en tant que simple citoyen américain et non comme émissaire représentant les États-Unis. Le Département d’État a bien spécifié qu’il n’était porteur d’aucun message particulier.
La Corée du Sud a fait part de son scepticisme en déclarant qu'elle ne s'attendait pas à ce que la Corée du Nord change d’attitude à la suite de cette visite.
Mais étant donné la situation actuelle, le voyage de Carter pourrait s’avérer utile. En effet, Pyongyang communique très peu avec l’extérieur et cette prise de contact pourrait permettre de comprendre l’état d'esprit des autorités nord-coréennes et de déterminer leurs motivations ainsi que leurs objectifs.
Lorsque les relations officielles sont tendues ou même inexistantes, une visite informelle comme celle-ci pourrait favoriser une reprise des négociations.
Article MG 3B Conseils
Sources: TIME, CNN et USA TODAY
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