WASHINGTON (Etats-Unis) - 8/3/10 - 3B Conseils - Avec une proposition de budget de 1,76 milliards de dollars pour l'année 2011, le budget de la National Nanotechnology Initiative (NNI) reste stable. Cependant, une analyse détaillée de la distribution de ces investissements entre les agences met en évidence une priorisation vers l'énergie, l'environnement et la santé.
La défense à la traine ?
A première vue, le grand perdant du projet de budget 2011 est le Departement of Defense (DOD). Après une baisse des budgets de 5% prévue en 2010, la baisse apparente pour 2011 serait de 20%. Apparente seulement. Car la proposition de budget 2011 ne concerne que les regular appropriations (crédits réguliers). Ceux-ci peuvent être abondés en cours d'année par des Congressionally directed funds, ce qui est le cas tous les ans pour le DOD dans le domaine des nanotechnologies.
Ces crédits supplémentaires s'élèvent à plusieurs dizaines de millions de dollars (117 millions de dollars en 2009). Ainsi, il est à prévoir que le DOD demeure le principal bénéficiaire des fonds fédéraux dans le domaine des nanotechnologies avec environ 450 millions de dollars. Il est intéressant de noter par ailleurs que ce mode de financement complémentaire a été critiqué par le DOD lui-même. Un rapport de 2007 (ICI) souligne que ces fonds viennent soutenir des projets qui sont généralement en décalage, voire même en opposition, avec les priorités définies dans le cadre de la demande budgétaire régulière du DOD.
L'énergie en plein boom
Le Departement of Energy (DOE) voit son budget nanotechnologies augmenter sensiblement (13%) comme cela avait été déjà le cas en 2010. Le DOE avait aussi empoché 57% des 511 millions de dollars débloqués en nanotechnologies dans le cadre du American Recovery and Reinvestment Act (ARRA) de 2009. Le DOE devance ainsi toutes les autres agences - à part le DOD au final - en termes de budget dans le cadre du NNI pour 2011. Cette augmentation traduit la volonté forte d'investir dans les énergies renouvelables ou à empreinte carbone faible. Cette stratégie est illustrée notamment par la mise en place de l'Agence de recherche avancée en énergie (ARPA-e).
Les agences du NNI ont aussi identifié des secteurs clés de coopération afin d'accélérer le développement des nanotechnologies sur des sujets prioritaires dans l'agenda présidentiel. Ces Nanotechnology Signature Initiatives comprennent en 2011 le développement des nanotechnologies pour les applications à l'énergie solaire, dans lequel le DOE joue un rôle clé.
L'accent très fort sur la thématique Environnement, Santé et Sécurité
Après une augmentation de 23% en 2010, le financement du Program Component Area 7 (PCA 7) du NNI dédié aux questions d'environnement, de santé et de sécurité (EHS) augmente de 28% en 2011 pour atteindre 117 millions de dollars.
Cette augmentation a diverses origines. Elle résulte tout d'abord de l'augmentation des budgets des agences n'intervenant que sur ces thématiques comme le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) ou l'Environmental Protection Agency (EPA) dont les budgets ont été multipliés respectivement par 2.1 et 1.75 depuis 2009. Le deuxième facteur est l'incorporation officielle de nouvelles agences dans le NNI opérant uniquement dans ce domaine comme la Food and Drug Administration (FDA) et la Consumer Product Safety Commission (CPSC) dotées pour 2011 de 15 et 2 millions de dollars.
Enfin, la part réservée au PCA 7 par certaines agences dans leur budget a augmenté; Fortement dans le cas pour le National Institute for Standards and Technology (NIST) qui a plus que doublé sa demande sur ces thématiques en 2011; De manière plus limité dans le cas de la National Science Foundation (NSF) et des National Institutes of Health (NIH), respectivement 11% et 6% d'augmentation. Le budget du PCA 7 est ainsi passé de 37,7 millions de dollars pour 2006 - 2,8% du budget NNI - à une demande de 117 millions de dollars pour 2011 soit 6,6% du budget NNI. La part des investissements dans le PCA 7 a ainsi plus que doublée en cinq ans. Il est important de noter que des projets menés dans d'autres PCA ont aussi des conséquences directes dans le domaine EHS.
L'importance du domaine EHS
L'investissement pour les problématiques EHS n'est ni soudain, ni aléatoire mais bien rationnel et planifié. Il découle de l'établissement d'une stratégie dans le domaine par le NNI en 2008. Les agences responsables d'une des cinq problématiques clés dans cette stratégie (NIST, NIH, EPA, FDA et NIOSH) ont donc vu leur demande de budget augmentée.
Les principales questions au coeur des problématiques EHS concerne la caractérisation des nanomatériaux. Les polluants actuels sont caractérisés par leur composition chimique. Dans le cas des nanocomposés, il faut y ajouter la taille, la morphologie et les propriétés de surface. Autant de caractéristiques qu'il faut pouvoir mesurer et répertorier et dont il est nécessaire de comprendre l'impact sur l'environnement et les tissus vivants.
La recherche en instrumentation et métrologie, portée par le NIST, est donc essentielle. Elle permettra de constituer une base de données scientifiques sans laquelle il est impossible de modéliser le comportement de nouveaux nanocomposés, leur cycle de vie, leur évolution, et donc, leur potentielle dangerosité. De plus, la recherche en estimation et management du risque a besoin d'être développée pour pouvoir prendre en compte les nanocomposés. C'est le rôle de la FDA.
Les demandes de régulation sont de plus en plus pressantes de la part des consommateurs -plus de 1000 produits répertoriés incluent des nanocomposés- mais aussi de la part des personnels qui travaillent au jour le jour sur ces nano-objets. Les évolutions technologiques passées ont profondément marqué l'environnement et la santé (fusion du réacteur de Tchernobyl, amiante...). La révolution nanotechnologique ne sera un succès que si elle obtient l'adhésion des citoyens, qui passe par la démonstration scientifique des avantages obtenus face aux risques encourus, qu'il faut s'employer à évaluer puis limiter.
Les gouvernements avancent donc avec prudence dans le domaine des nanotechnologies. L'équilibre entre l'encouragement des développements technologiques, cristallisant l'espoir d'un développement économique prospère, et les limitations imposées par la régulation de ces nouvelles technologies, indispensable pour éviter le rejet d'innovations prometteuses, est parfois difficile à trouver. Le budget NNI 2011 en est l'illustration.
Article : SLG3B Conseils
Sources : BE Actualités /National Nanotechnology Initiative - Supplement to the President's 2011 Budget, Février 2010 / 3B Conseils
lundi 8 mars 2010
Les priorités du budget nanotechnologies 2011 : le Dod perdant ?
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