TOMSK (Russie) - 14/10/09 - 3B Conseils - Depuis des années et avec le développement de la problématique du développement durable, l’industrie nucléaire se présente comme une industrie recyclable où 96% des matières radioactives sont réutilisables. Un chiffre à faire pâlir d’envie les industries les plus polluantes. La filière nucléaire fait ainsi figure d’industrie propre, fonctionnant en circuit quasi fermé et assurant l’indépendance énergétique de la France. La réalité est un peu différente. La diffusion du reportage sur Arte « Déchets, le cauchemar du nucléaire » lundi soir, a relancé le débat.
Le reportage révèle que c’est près de 13 % des matières radioactives produites par notre parc nucléaire qui dorment quelque part au fin fond de la Sibérie. Précisément dans le complexe atomique de Tomsk-7, une ville secrète de 30 000 habitants Là-bas, chaque année, depuis le milieu des années 1990, 108 tonnes d’uranium appauvri issues des centrales françaises viennent, dans des containers, se ranger sur un grand parking à ciel ouvert.
Le reportage révèle que c’est près de 13 % des matières radioactives produites par notre parc nucléaire qui dorment quelque part au fin fond de la Sibérie. Précisément dans le complexe atomique de Tomsk-7, une ville secrète de 30 000 habitants Là-bas, chaque année, depuis le milieu des années 1990, 108 tonnes d’uranium appauvri issues des centrales françaises viennent, dans des containers, se ranger sur un grand parking à ciel ouvert.
Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Le combustible, constitué principalement de barres d’uranium, produit un peu de plutonium, mais aussi des «déchets ultimes». L’uranium est la propriété d’EDF qui paie donc Areva pour retraiter le combustible usé de ses centrales à l’usine de La Hague, dans la Manche. Là-bas, on isole les déchets ultimes dont on ne peut rien faire (4 % des volumes), puis le plutonium (1%) et l’uranium de retraitement (les 95% restants). L’industriel Areva assure que le plutonium et l’uranium de retraitement sont réutilisables, ce qui représente le fameux taux de recyclage à 96%.
L’uranium de retraitement ne peut être réutilisé qu’à hauteur de 10 %. Pour le réintroduire dans un cœur de réacteur, il faut l’enrichir plus que d’ordinaire. C’est un processus qui s’opère aujourd’hui en Russie, car la France ne dispose pas de la technologie. "Le site Eurodif, dans la Drôme, qui est l’usine d’enrichissement d’Areva, ne dispose pas d’une ligne de production spécifique pour permettre ce travail" explique Mycle Schneider, consultant international en matière d’énergie. Ainsi, Areva expédie une partie de l’uranium de retraitement à 8 000 kilomètres de la France, en Sibérie.
Les containers embarquent sur un bateau au Havre, jusqu’à Saint-Pétersbourg, puis sont chargés à bord d’un train pour être traités dans le complexe atomique de Tomsk-7. Ils deviennent dès lors la propriété de l’entreprise russe Tenex. C’est cet uranium qui est stocké sur de grands parkings à ciel ouvert. En l’état, il est vrai qu’il n’est guère dangereux mais une explosion sur le site pourrait provoquer une contamination de la région et des rivières proches du site. Les industriels français du secteur, Areva et EDF, se défendent de laisser des déchets radioactifs aux Russes. Pour eux, cette matière appauvrie peut se réutiliser, elle est «valorisable»
Pour nombre d’experts et d’écologistes, l’utilisation de l’uranium appauvri stocké en Russie est improbable car cette matière s’apparente à une orange pressée deux fois : elle ne fournit plus guère de jus. "Théoriquement, on peut utiliser les queues pour fabriquer du combustible nucléaire, mais en pratique, les Russes ne le font pas" affirme Vladimir Tchouprov, chargé de campagne énergie de Greenpeace en Russie. Ce produit est polluant et il contient très peu d’uranium 235. C’est une vraie galère à utiliser. Pour nous, c’est un déchet ultime.»
"Le terme abandonner n’est pas approprié" rétorque Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole d’Areva : "La pratique internationale établie est la suivante : la matière enrichie revient au client [en l’occurrence EDF] et la matière appauvrie revient à l’enrichisseur. Mais il est vrai que la technologie peut s’améliorer. Pour l’heure, nous sommes technologiquement obligés de séparer les matières. Bientôt, nous pourrons nous en passer."
Ce transfert de matières radioactives pose différentes questions : la sécurité de leur transport sur 8 000 km, la sécurité de leur stockage et l’efficacité du retraitement. En attendant une évolution technologique à venir, le cycle fermé du nucléaire français fuit donc en Russie.
L’uranium de retraitement ne peut être réutilisé qu’à hauteur de 10 %. Pour le réintroduire dans un cœur de réacteur, il faut l’enrichir plus que d’ordinaire. C’est un processus qui s’opère aujourd’hui en Russie, car la France ne dispose pas de la technologie. "Le site Eurodif, dans la Drôme, qui est l’usine d’enrichissement d’Areva, ne dispose pas d’une ligne de production spécifique pour permettre ce travail" explique Mycle Schneider, consultant international en matière d’énergie. Ainsi, Areva expédie une partie de l’uranium de retraitement à 8 000 kilomètres de la France, en Sibérie.
Les containers embarquent sur un bateau au Havre, jusqu’à Saint-Pétersbourg, puis sont chargés à bord d’un train pour être traités dans le complexe atomique de Tomsk-7. Ils deviennent dès lors la propriété de l’entreprise russe Tenex. C’est cet uranium qui est stocké sur de grands parkings à ciel ouvert. En l’état, il est vrai qu’il n’est guère dangereux mais une explosion sur le site pourrait provoquer une contamination de la région et des rivières proches du site. Les industriels français du secteur, Areva et EDF, se défendent de laisser des déchets radioactifs aux Russes. Pour eux, cette matière appauvrie peut se réutiliser, elle est «valorisable»
Pour nombre d’experts et d’écologistes, l’utilisation de l’uranium appauvri stocké en Russie est improbable car cette matière s’apparente à une orange pressée deux fois : elle ne fournit plus guère de jus. "Théoriquement, on peut utiliser les queues pour fabriquer du combustible nucléaire, mais en pratique, les Russes ne le font pas" affirme Vladimir Tchouprov, chargé de campagne énergie de Greenpeace en Russie. Ce produit est polluant et il contient très peu d’uranium 235. C’est une vraie galère à utiliser. Pour nous, c’est un déchet ultime.»
"Le terme abandonner n’est pas approprié" rétorque Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole d’Areva : "La pratique internationale établie est la suivante : la matière enrichie revient au client [en l’occurrence EDF] et la matière appauvrie revient à l’enrichisseur. Mais il est vrai que la technologie peut s’améliorer. Pour l’heure, nous sommes technologiquement obligés de séparer les matières. Bientôt, nous pourrons nous en passer."
Ce transfert de matières radioactives pose différentes questions : la sécurité de leur transport sur 8 000 km, la sécurité de leur stockage et l’efficacité du retraitement. En attendant une évolution technologique à venir, le cycle fermé du nucléaire français fuit donc en Russie.
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, s'est déclarée "favorable" à une enquête au sein d'EDF sur les déchets nucléaires français exportés en Sibérie : "Ces matières partent en Russie parce que nous ne disposons pas, pour l’instant, du procédé d’ultracentrifugation. Ce sera le cas en 2012, lorsque nous mettrons l’usine Georges-Besse II en fonctionnement". La position du groupe Areva est claire : le retraitement permet à l’exploitant de se constituer un bas de laine, une réserve de matière première. Les militants antinucléaires considèrent que le processus produit des déchets.
Article : FM 3B Conseils
Sources : Libération / Le Monde / Arte / 3B Conseils
Sources : Libération / Le Monde / Arte / 3B Conseils
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